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Un des trésors de Ténès

1 - Broche en or faisant partie du trésor découvert à Ténès (antique Cartennae).
Elle est formée d'un grand médaillon auquel pendent trois petites croix (diamètre du médaillon: 9,4 cm).
On a reconnu dans le buste une effigie de Galla Placidia, la fille du grand Théodose qui sera impératrice d'Occident entre 421 et 424 après J. C. (Musée des antiquités, Alger).

2 - Quelques objets du trésor découvert à Ténès (antique Cartennae), dont des garnitures de ceintures en or ciselé et ajouré (Musée des antiquités, Alger).

 

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Récits

M. KOUADRI M'hamed,
Infirmier et Poète.


(Par Monsieur Bergonzoli Marcel)

Qui à Ténès, ne se souvient pas de cet homme ?
Les jeunes peut-être car, pour tous les adultes, ce personnage ne pouvait être ignoré.
Je sais que c' est loin tout cela mais je vais vous y aider et nous arriverons, j' en suis sûr, à situer le personnage.
Monsieur Kouadri était infirmier. On ne le voyait que très rarement seul. En général il était toujours flanqué de son amie et coéquipière, Mme Boisson (mère de Magali) assistante sociale ou encore du Dr. Hébert, pendant les périodes de vaccination.
Mme Boisson et M. Kouadri formaient une équipe extraordinaire et d' une grande efficacité. Ils allaient tous deux au devant de la misère, de la maladie, de la pauvreté, recevant ou consultant inlassablement.
Les douars des alentours de Ténès n' avaient plus de secret pour eux. En fait ces gens n' exerçaient pas un métier mais une vocation.
Je suis sûr que même de nos jours, leur silhouette doit déambuler encore dans l' esprit des anciens ;qu 'ils soient d' un côté ou de l' autre de la Méditerranée.

Ce premier éclairage ne vous suffit pas ?
Vous avez sans doute fréquenté les Écoles de Filles ou de Garçons de Ténès ?
Alors vous connaissez!
Qui n'a jamais été vacciné à même la classe ? Qui a pu oublier la blouse blanche du Dr. Hébert ou le fez rutilant de M. Kouadri qui l'assistait pour toutes les vaccinations ? ... Variole, typhus, etc.
Ne dites pas " moi " ou alors, vous n'êtes pas Ténésien !

Vous y êtes n'est ce pas ?
Ce M. Kouadri était un homme de forte stature, il était toujours en costume et jamais sans son fez. C'était un homme affable, d'une très grande discrétion et d'une grande timidité. Son temps, il le mettait au service de son inspiration. La nature, la mer,les choses de la vie, le regard des gens étaient son monde. Son pêché mignon: la pêche à la ligne !
C'est de cet homme aujourd'hui que j'ai envie de vous parler, pas de l'infirmier, mais du poète, un poète brillant, sensible, émouvant, et que tout Ténésien se doit de connaître ou de découvrir.
Il a porté haut et fort les couleurs de Ténès, s'est illustré des deux côtés de la mer, a gagné maints concours et a été publié et récompensé maintes fois.
Je vous invite à découvrir sa biographie, son oeuvre, ses succès.
Je tiens à lui rendre hommage publiquement, à lui dire mon admiration et à le remercier pour ces œuvres qu'il nous a léguées.

BIOGRAPHIE

M. Kouadri M'Hamed, né le 1er mars 1892 à Orléansville ... mort à Ténès le 03.mars.1954.
Il débute dans la vie active au Maroc en 1920 comme Maître-Teinturier des Ecoles Ouvroirs.
Il commence ses premiers écrits cette même année. Il publie une brillante Plaquette sur les " Procédés Marocains de Teinture des laines ". Il rentre ensuite en Algérie pour devenir auxiliaire médical puis Adjoint Technique de la Santé. Il s'installe à Sebdou près de Tlemcen, passe par Duperré avant de rejoindre définitivement Ténès .... où il fera sa carrière.
Il participe à son premier concours de poésies aux Jeux Floraux de Constantine avant de s'attaquer aux Jeux Floraux du Languedoc-Roussillon où il s'illustrera et remportera plusieurs premiers prix et de nombreuses places d'honneur.

Le 20 décembre 1949,il est fait Officier de l'Instruction Publique par Yvon Dablos, Ministre de l'Education. Nationale de l'époque. (Cf. la reproduction de ce diplôme)

Il cessera son activité de poète en 1954 … début de la Guerre d'Algérie…
(Cf. un de ses poèmes : ''La Mer'')

La Mer

La Mer ! ses horizons clairs ou voilés de brume,
Ses flots retentissants frangés du blanche écume
Sans cesse en mouvement.

Poème fascinant des eaux éblouissantes,
Etincelant concert des vagues bondissantes :
Douceur, enchantement !

La Mer ! ruissellement d'azur et de lumière
Et berceau de Vénus, des Beautés la première,
L'étoile des beaux soirs

Qui font fleurir soudain des champs de violettes,
Tandis qu'à l'Occident fument les cassolettes
Des divins encensoirs 1

La mer ! ensorceleuse aux frais colliers de perle,
Qui susurre à la brise et frissonne ou déferle
Sur le sable doré.

Déesse sans pitié dont le culte est un leurre
Car j'aimais la perfide et c'est pourquoi je pleure
Un enfant adoré !

Non, tu ne comprends pas l'âpre douleur d'un père
Que tu vois sangloter et qui se désespère
D'avoir perdu son fils,

Qui vient vers toi les bras ouverts, sans méfiance,
Qui représentait tout : la joie et l'espérance,
Au coeur pur comme un lys !

Ceux qui me voient errer sombre, de long en large
Croient que je me promène ou contemple le large
Et ne comprennent pas

Que je suis triste et songe à ce qui fut la place
De ses pieds sur le sable et ne vois nulle trace
Empreinte de ses pas !

Irrésistiblement je reviens sur la grève
Et je revois toujours cet enfant comme en rêve
Mon pauvre tout petit !

Je ne reverrai plus hélas ! ton doux visage,
Déjà si sérieux, Toi, si gentil, si sage,
Que la mer engloutit !

Depuis, bien des printemps ont refleuri les roses,
Les jasmins, les lilas, les lys, les lauriers-roses.
Jusqu'au coeur de l'été.

Au calme cimetière où pèse un lourd silence,
Sous les verts oliviers dont l'ombre se balance,
Dors pour l'Eternité.

Tu n'entends plus la voix berceuse de sirène
Qui dans le soir se fait tendre et plaintive et traîne
Ses longs sanglots : la Mer !

Par Toi j'ai caressé l'orgueil de me survivre,
Mais je pleure en tournant les feuillets de mon livre
Et mon pain est amer !

KOUADRI M'hamed

 

LE TRAIN ORLEANSVILLE - TENES

Cet article a été rédigé par Luc TRICOU, U CARUBELLU, 20260 CALVI.

Les moyens de communication ont toujours été un des problèmes majeurs que les gouvernements ont eu à résoudre. Les routes, certes, étaient la priorité. Mais établir une voie carrossable demandait souvent des années compte tenu du relief et des ouvrages d'art, et les charrois étaient lents ! Il y avait aussi les navires qui reliaient tous les ports de la côte. Pour certains d'entre eux ce fut, les premières années, pratiquement le seul, ou tout du moins le meilleur moyen de communication.
Je pense à TENES dont les routes côtières le reliant à MOSTAGANEM et ALGER ne furent carrossables que plus d'un demi-siècle après sa création, et dont le port fut longtemps le poumon d'ORLEANSVILLE et du CHELIFF avec comme artère vitale, la route.
Aussi, dès 1 844, l'ingénieur en chef Edouard de REDON proposa déjà un chemin de fer d'ALGER à BLIDA.
En 1 854, un groupe de ''capitalistes'' sollicita la concession d'un réseau complet comprenant naturellement la ligne ORAN - ALGER - CONSTANTINE - BÖNE, une ligne isolée TLEMCEN - MASCARA par SIDI BEL ABBES et un ensemble d'embranchements sur MOSTAGANEM, TENES et BOUGIE.
Le Gouvernement chargea le Général du Génie de CHABAND-LATOUR d'étudier l'implantation de la ligne de chemin de fer en Algérie. Celui-ci, dans le préambule de son rapport, affirmait :
" Une nécessité de l'installation de la Colonisation est l'ouverture préalable de bonnes voies de communications qui permettent aux colons d'exporter leurs produits vers le littoral. "
James DE ROTSCHILD sollicite la totalité du futur réseau.
Le décret du 08 Avril 1857 constitue l'acte de naissance du futur chemin de fer en Algérie. Celui-ci, dans l'énumération des villes à desservir, mentionne la ligne ORLEANSVILLE - TENES.
Il faudra pourtant attendre encore huit ans pour que la première voie ferrée ALGER - BLIDA soit ouverte au seul trafic voyageurs.
Enfin, une loi, le 18 Juillet 1 879, prévoit la construction, entre autres, d'une voie ferrée de 58 km entre ORLEANSVILLE et TENES.
Mais, comme toujours, entre la décision et la réalisation … le temps passe ! Ce furent les Conseils Généraux qui financèrent la construction des lignes concédées pour exploitation à des compagnies ferroviaires. Celles-ci se multiplièrent pendant les premières années … et l'écartement des rails aussi !
Enfin en 1907, après l'intervention du Gouverneur Général JONNART :
" Le chemin de fer en Algérie n'est pas seulement un moyen de transport, c'est un instrument de peuplement et de sécurité. Il est le meilleur auxiliaire de la politique nationale. "
La création de la ligne est budgétisée et concédée au C.F.R.A. (Chemin de Fer sur Route d'Algérie), la même compagnie qui desservait entre autres le SAHEL algérois : GUYOTVILLE, STAOUELI etc. et que nous avons connu pour ses trams rouges d'ALGER, des DEUX MOULINS à MAISON-CARREE.
Une petite parenthèse pour signaler que sur la ligne ORLEANSVILLE - ALGER, le fameux tunnel du ZACCAR était, avec ses 2 312 m , le plus long d'Algérie. Et, pour la petite histoire, lorsque j'étais enfant, on le citait comme le tunnel d'Adélia. Ce nom fut le premier de MILIANA et lui avait été attribué car c'était le prénom de la fille du Maréchal BUGEAUD.
Revenons à notre train. Déclaré d'utilité publique le 19 Septembre 1 905, il fut ouvert au trafic le 1er Avril 1 910. Entre temps , la concession était reprise par la Compagnie des C.F.A.E. (Chemins de Fer Algériens de l'Etat).
Le tracé, s'il partait tout naturellement de la gare d'ORLEANSVILLE et débutait par un tunnel (1) franchissait le Chéliff beaucoup plus en aval que la route, sur un viaduc de 205 m, pour aller couper la route de RABELAIS après l'embranchement de TENES et suivre l'Oued OUARHANE jusqu'aux HEUMIS. La voie suivit alors un tracé différent de la route pour aboutir, après le col de KHERBA, franchi par un tunnel dit de BOU BAARA, de 1 293 m, le long de la route FLATTERS - MONTENOTTE. Une fois ce village passé, elle traversa les gorges sur le côté opposé à la route dans une succession de tunnels que nous avons tous en mémoire et pour aboutir dans la vallée de l'Oued ALLALA, près du port de TENES.
Les gares furent , après le départ du chef-lieu : WARNIER, LES HEUMIS (qui desservait les villages de FLATTERS, HANOTEAU, FROMENTIN, CHASSERIAU), ANSEUR-EN-NEHAS (les sources du cuivre) (qui desservait les villages de CAVAIGNAC et MONTENOTTE), une halte au VIEUX TENES et enfin, le terminus.
J'ignore les résultats d'exploitation de ce chemin de fer mais il rendit service tant au point de vue voyageurs, le trajet durant 2 heures à 2 heures et demie, que pour les marchandises importées par TENES et la production agricole exportée (vins et céréales).(2) Mais il ne dura pas assez longtemps pour rentabiliser l'investissement et, à mon avis, s'il avait été véritablement bénéficiaire, il aurait duré davantage.
L'erreur des concepteurs fut d'avoir négligé les fureurs imprévisibles des oueds algériens et de ne pas s'être méfiés de l'Oued OUARHANE. Celui-ci, lors des mémorables inondations de 1 927, détruisit la voie du côté de WARNIER. Cela suffit à porter un coup fatal à notre train. Il avait pourtant tous ses autres ouvrages d'art intacts et il ne s'agissait que de voie et de terrassement !
Mais la route et l'automobile avait déjà terriblement progressé au détriment de ce moyen de communication plus lent et plus … salissant !

Luc TRICOU - Mai 1 995.

(1) Vous en souvenez-vous Alain MERLE et Robert TRANCHANT ce que nous avons joué dans ce tunnel ?

(2) NDLR : le minerai de l'OUARSENIS arrivait aussi à Ténès.