Les origines d' Orléansville
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Naissance d'une ville : Orléansville
... de son
Administration
L'administration d'Orléansville de 1843 à 1870 Les renseignements
que je donne sont extraits d'une étude d'histoire locale que j'avais
réalisée à Orléansville en 1950 avec l'aide de M. Gourgeot secrétaire
de mairie. Pour ne pas être trop long, j'ai limité cet article aux
personnes qui ont commandé ou administré et aux modifications de régime
de la cité de 1843 à 1870. |
Les
Commissaires Civils et les Maires d'Orléansville de 1851-1962.
II- Les maires 1870- 1962
Jacques TORRES, d'après une recherche effectuée par M Mohamed TIAB, Administrateur à CHLEFF, en Janvier 2005 |
... ainsi naquit Orléansville
La
vie municipale d'ORLEANSVILLE
Les militaires gèrent et administrent jusqu'en 1851, où un commissariat
civil leur succède. En 1856, le commissariat civil devient "commune
" et est érigé en 1875 en sous- Préfecture.
Au départ, maires, adjoints et conseillers municipaux étaient nommés par arrêté du Gouverneur Général. Par la suite, seuls les maires furent imposés, adjoints et conseillers étaient élus par le peuple. Enfin, en 1870, des élections générales élisent la totalité du conseil municipal, qui à son tour nomme son maire et ses adjoints. Le premier maire est Camille Boudet, secondé par 3 adjoints et 7 conseillers municipaux, parmi lesquels l'un l'était à titre indigène, le second à titre israélite, le troisième enfin, à titre étranger. Les maires suivants furent : Messieurs Guignette, Boudet Camille (est-ce un second mandat ?), Valesqui, Geoffroy, Rey Anatole, Truchier Adrien, Fourrier Henri, Casanova Joseph, et en 1904, Morand de la Genevraye. C'était le 19ème conseil municipal. Ici, nous entamons la période que nous connaissons. En 1908, Paul Robert devient maire, mais il est remplacé dès 1910 par Louis Clément, ses adjoints étant Pierre Mino, Désiré Bernardy, Gilbert Escaich. En métropole, c'est une période trouble. Quatre ans plus tard, Louis Clément refait campagne et est réélu. C'est un homme simple, rigide et effacé. Il restera dans la mémoire des "anciens " , le maire de la Grande Guerre. Faisant abstraction de ses opinions, il apporte le secours de la collectivité à toutes les misères de l'époque et a la tâche douloureuse d'annoncer à de trop nombreuses familles, la mort dans les tranchées d'un mari d'un fils. Il n'hésite pas non plus à accorder systématiquement des prolongations de séjour aux permissionnaires pour "raisons impérieuses de famille ". Mais comment ne pas évoquer aux côtés de ce maire, le personnage presque légendaire, le bon Docteur Franchi, conseiller général et conseiller municipal. Comment ne pas évoquer sa haute silhouette coiffée d'un chapeau à larges bords, les bas du pantalon serrés autour de la cheville par des pinces pour lui permettre, sur sa bicyclette, de parcourir les rues de la ville, visitant ses malades, ne faisant pas payer les pauvres gens, mais au contraire, oubliant chez eux une pièce. Combien de fois, la nuit, n'est-il pas venu me réveiller, afin que je l'emmène, lui qui n'était pas motorisé, dans un village avoisinant soigner une urgence ? C'est une personnalité que nous n'aurions pas garde d'oublier. Ses réélections en tant que conseiller municipal et conseiller général l'ont accompagné sa vie durant. En 1919, Joseph Robert prend la mairie. Rien n'appelait ce grand bourgeois à devenir un jour le premier magistrat de la ville. C'est en effet son frère Paul, homme affable, dévoué au bien public qui aurait été choisi par le peuple s'il n'avait trouvé la mort dans un malheureux duel avec monsieur Hoube, à la consternation générale. Souvenez-vous avec émotion du monument dédié à sa mémoire sur la place qui portait son nom, avec l'inévitable kiosque à musique du plus pur style 1900. De plus, le nom de Paul Robert fut donné en 1911 à un village du Haut-Dahra. Joseph Robert traversait chaque jour dans les deux sens, à pieds, la rue d'Isly, pour se rendre de son domicile à la mairie. Il fut pourtant un grand maire de la cité. On lui doit notamment la politique d'irrigation et le développement de l'agrumiculture à la suite d'un voyage d'étude qu'il effectua en Californie. De plus, pour lutter contre le mal que constituait la pratique de l'usure, il instaura une politique bancaire qui s'avérait nécessaire et qui fut bénéfique. En tant que Président à Alger des Délégations Financières, il prit la défense des intérêts régionaux et mit en chantier de nombreux chantiers d'utilité publique. Pendant toutes ces années, la ville s'enrichit d'une E.P.S. que beaucoup d'entre nous fréquentèrent. On voit se construire l'église grâce au zèle et à la popularité de Monsieur le Curé Castera et au dévouement et à la générosité de nombre de ses paroissiens. Cette église s'ornera plus tard des célèbres mosaïques de la basilique Réparates, mosaïques reconstituées pierre par pierre, avec une inlassable et un énorme travail par Monsieur le Curé Vidal. Hélas, que sont-elles devenues ? Sans doute sont-elles retournées dans l'oubli.. Louis Clément revient à la mairie en 1929. En 1938 lui succède Auguste Rancurel. La seconde guerre mondiale éclate peu après, avec le départ de nombreux appelés. Puis l'armistice, la proclamation de l'Etat Français et l'occupation. C'est pourquoi, de 1941 à 1943, la commune est gérée par le commandant Grall, ancien médecin militaire, homme estimable s'il en fut. Après son départ Monsieur Rancurel revient jusqu'en 1953. Maire de la Libération, membre de l'Assemblée Consultative mise en place à Alger par le général de Gaulle, puis député d'Alger. Nous en arrivons à la période " Bisgambiglia ". D'abord adjoint puis maire, il marque toute une époque de sa personnalité haute en couleurs. Instituteur de son état, il a sous son autorité et sous la règle s'abattant sur les doigts des indisciplinés, marqué toute une génération de garçons, cela créant des liens très particuliers entre les uns et les autres. Mais une dure période de restrictions suit la reprise des hostilités. Qui n'a pas réclamé une faveur à M " Bisgam " ? Qui n'a pas profité un jour ou l'autre d'une intervention ? d'une aide matérielle ? Et cela accordé avec cette bonhomie, cette faconde, cette joviale et grande bonté qui ne se préoccupait jamais des opinions politiques du quémandeur. Et Orléansville s'étoffe. Sortent de terre : la nouvelle caserne de gendarmerie, l'immense salle de gymnastique des scolaires, la moderne Sous-Préfecture. Le Crédit Agricole Mutuel se développe.. Le maire poursuit les travaux entrepris précédemment et introduit vraiment la démocratie à la mairie. Tous les jours, faisant ses emplettes au marché couvert, il salue d'une chaleureuse poignée de mains vendeurs et acheteurs. Le 14 juillet, pendant le traditionnel bal public, il fait le tour de la Place Paul Robert, distribuant accolades et embrassades à tous et à toutes. Mais le malheur s'abat sur Orléansville. Le séisme en septembre 1954, la rébellion en novembre de la même année.. Là, il faut que le maire et l'adjoint que j'étais à l'époque, donnent toute la mesure de leur dévouement à leurs concitoyens. Devant une situation aussi inattendue, il faut improviser. Que de détresse à secourir, de décisions à prendre, de démarches à faire, de discussions avec les hautes instances gouvernementales, nous forçant à faire abstraction du désespoir qui a suivi une telle catastrophe .. Il est vrai que l'ampleur de la tâche à accomplir était un aiguillon stimulant nos énergies et la source d'une véritable exaltation. M Bisgambiglia fut alors le maire du tremblement de terre. Interviewé par toutes les radios du monde, il devint, aussi bien en France qu'à l'étranger " la voix d'Orléansville ". Un malheur ne venant jamais seul, le 1er novembre débute la rébellion. Sur le plan national, il défend avec courage à l'Assemblée Algérienne, dont il est vice-Président, la thèse de l'Algérie Française. En 1957, au plus fort de l'insurrection, m'échoit le plus dur honneur de vous représenter. Ce sont de longs mois où espoir et désespoir se succèdent sans cesse. Il m'a fallu faire face, non seulement aux obligations municipales courantes, mais à une multitude de tâches concernant la reconstruction de la ville : réunions hebdomadaires à la Préfecture avec tous les services, indemnisation des exactions, reconstruction sécurité, etc.. Nous suivions, au moins trois fois par semaine, le corbillard transportant un parent, un ami, sauvagement assassiné en pleine ville : grenade dans un bar, un commerce, etc.. L'exaspération était telle que nous organisâmes un défilé du monument aux Morts à la Préfecture. Nous avons eu une certaine accalmie après la visite du ministre Lacoste. Par l'entremise du Préfet Chevrier et accompagné par deux conseillers municipaux, j'ai obtenu un entretien avec le ministre. Après avoir brossé la situation, il nous a dit : " il n'y a que la méthode Massu ! ".. huit jours après, nous avions la Légion. Et Monsieur Rigaud devient maire d'Orléansville. De lui je ne dirai rien de plus que ce qu'il fut. Voici, égrainés pour vous quelques souvenirs, sûrement très incomplets, " J'ai la mémoire qui flanche.. ", dit une chanson. Du moins, nos retrouvailles à Béziers sont-elles le gage de la réelle amitié qui nous unit les uns aux autres, dans le rappel du temps passé et de l'amour que nous portions à notre petite patrie. |
Données sur Orléansville en 1901
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