Pour
faire barrage à l'oubli.
SOUVENONS
NOUS DE BIR SAF SAF VAUBAN EN 1900
(Département
d'Alger puis d'Orléansville)
Par
Edgar SCOTTI
Bir Saf Saf Vauban était en premier lieu une annexe de Oued Fodda
transformée par la suite en 1878, en commune de plein exercice avec
un territoire de 920 hectares en plaine.
Ce centre de 20 feux prit le nom , de Sébastien Le Prestre de Vauban,
maréchal de France, né en 1663 à Saint Léger de Foucheret dans l'Yonne,
mort à Paris en 1707.
Vauban est 6 kilomètres à l'ouest des Attafs et à 27 kilomètres
à l'est d'Orléansville.
Situé dans la plaine du Chélif, sur la route nationale 4, d'Alger
à Oran,
C'était aussi une gare sur la voie ferrée P.L.M d'Alger à Oran.
En 1900 la station est dite Témoulga Bir Saf Saf.
Climat continental avec des températures de 45° C en été.
ADMINISTRATION MUNICIPALE DE VAUBAN EN 1900.
Créé en 1878, Vauban avait une population de 59 habitants constituée
par les familles des premiers concessionnaires arrivés de métropole
en costumes régionaux. Cette population était composée par plusieurs
membres des familles Bure et Duplan.
Adjoint spécial M. Louis Bure,
Postes M. Etienne Mallet, distributeur,
Garde champêtre M.Jean Baptiste Seprey,
ARTISANS ET COMMERCANTS DE VAUBAN EN 1900:
Village essentiellement agricole Vauban n'avait en 1900 qu'un café
et un forgeron.
Cafetier : M. Gilles Duplan,
Forgeron M. Mallet,
AGRICULTEURS DE VAUBAN EN 1900.
En raison d'une pluviométrie insuffisante les terres étaient cultivées
suivant les méthodes du dry farming avec jachère labourée pour détruire
la végétation parasite et éviter l'évaporation de l'eau. Ces " préparés
" ne permettaient qu'une moisson tous les deux ans sur des concessions
trop exigües. Des cultures plus riches telles que le coton et les
agrumes furent pratiquées après l'arrivée de l'eau du Chélif, stockée
derrière le barrage de l'oued Fodda, situé en amont du village de
Lamartine.
MM. Altairac, Brot, François Bure, Louis Bure, Congnette, Delfort,
Ducas, Antoine Duplan, Etienne Duplan, Louis Duplan, Marius Duplan,
Joseph Fernand, Julien Léger, Lang, Robert.
Mmes: Vve Bex, Vve Bure.
VITICULTEURS DE VAUBAN EN 1900:
Avec quelques sarments de cépages métropolitains transportés dans
des linges humides, un petit vignoble de quelques hectares avait
été installé par quelques viticulteurs Mme Vve Bure, M. Louis Bure,
Antoine Duplan, Julien Léger, Robert.
Situé dans une région exposée à de violentes secousses sismiques
durant lesquelles le barrage de l'oued Fodda ne fut pas éprouvé,
le village de Vauban sur la rive gauche du Chélif faisait face à
Watignies et Camot sur l'autre rive.
Malgré l'arrivée de l'eau du barrage de l'oued Fodda de nombreux
aléas culturaux, (échaudage des céréales, parasites divers des cultures)
incitèrent les enfants des premiers concessionnaires de Vauban à
faire des études à Alger et à embrasser des carrières dans la médecine,
la magistrature et l'enseignement.
CONCLUSION:
Au début de la Seconde guerre mondiale, il ne restait plus parmi
les agriculteurs de Vauban que les familles Rencurel, Duplan, Narbonne
et Pemonge. Deux épiceries étaient tenues par MM. Tichi Boualem
et Mohamed Abdoun ben Tahar. 4
Créé par quelques familles métropolitaines, contrairement aux affirmations
du père Barthélemy Prosper Enfantin qui considérait que les fidèles
musulmans ne descendraient jamais de leurs montagnes pour habiter
dans les centres de la plaine, Vauban vit rapidement arriver les
fellahs des douars Chembel, Tharia et Techta.
Aujourd'hui, sur les deux rives de la Méditerranée, les arrière
petits enfants des hommes et des femmes qui furent à l'origine de
ce village s'interrogent sur une histoire profondément humaine,
interrompue par un dramatique exode, alors qu'il restait tant à
faire.
Cette brève description de Vauban, 22 ans après sa création, en
1900, permet de remettre en mémoire et d'aller à la rencontre d'hommes
et de femmes qui apportèrent à cette région de la plaine du Chélif
leur savoir-faire et leur opiniâtreté.
Cette image de Vauban au tout début du XX° siècle met en évidence
l'oeuvre accomplie en deux dizaines d'années. Elle ne constitue
qu'une ébauche qui permet de partager des souvenirs, tout en étant
susceptible d'être complétée et développée par tous ceux qui eurent
des attaches familiales à Vauban.
Toulouse
le 14 avril 2004.
Edgar SCOTTI
REMERCIEMENTS:
Puisée à plusieurs sources, citées ci-dessous, la bibliographie
utilisée est issue de différentes collections et notamment de celles
du professeur Francis Curtès, du Dr Georges Duboucher, de Mme Nourry-Bresson,
et de MM. Jacques Piollenc et Jacques Torres..
BIBLIOGRAPHIE:
- - Annuaire général de l'Algérie et de la Tunisie de 1901, Lagelle.
- Guide Louis Piesse 1889.
- L'Oeuvre française en Algérie du professeur Pierre Goinard.
- Les grands barrages et les irrigations en Algérie par M. R. Martin
directeur des irrigations. Le barrage de l'oued Fodda, pages 9 et
10.
- L'Oeuvre agricole française en Algérie.
- - Le barrage de l'oued Fodda pages 112 et suivantes, Ouvrage édité
par l'Amicale des Anciens Elèves des Ecoles d'Agriculture d'Algérie
en 1990.
- La terre tremblait à Carnot de Edgar Scotti, avril 2000.
- La colonisation de la plaine du Chélif 1955 1956 de M. Xavier
Yacono.