Commune de Rabelais
Histoire
Créé en 1889
Du nom de François RABELAIS (La DEVINIERE, CHINON, 1494 – 1553 PARIS ?).
Bénédictin, étudiant errant, puis médecin et curé. Ecrivain prodigieux de
l’invention verbale :
‘’Pantragruel’’, ‘’Gargantua’’ … noms communs : rabelaisien, gargantuesque,
pantagruélique, moutons de Panurge … ‘’L’Abbaye de Thélème’’ : ‘’Fay ce
que voudras’’ …
Nom arabe : AÏN MERANE
Photos
Vues générales
Bâtiments
Eglise
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Commerces et Industries
cave coopérative
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Vie quotidienne
le sport
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le Marché
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Récits
Ses hommes( certains), ses villages, ses vins. Le MASSIF du DAHRA s'inscrit dans l'une des trois grandes régions géographiques qui composent l'ALGERIE : l'ATLAS TELLIEN. Une bande côtière dont la largeur varie de 75 à 125 km, parfaitement bien délimitée. – Au nord, par la Méditerranée – A l'est il s'appuie sur les contreforts du ZACCAR (au loin, Miliana) – Au sud il est bordé par l'immense plaine du Chélif (Orléansville) – lequel Chélif constitue sa limite ouest en se jetant dans la Méditerranée, tout près de Mostaganem. Le massif s'étire, pour sa plus grande partie, dans le département d'Alger, et déborde, dans sa partie occidentale, sur le département d'Oran. Aujourd'hui c'est plus précisément le HAUT-DAHRA (côté Oranie) qui requiert notre attention. Haut tout relatif si l'on considère que les trois villages dont je vais tenter d'évoquer le souvenir "culminent" entre 500 et 780 mètres. Durant la conquête d'Algérie notamment en 1845/47, le Haut-Dahra fut le théâtre de nombreux affrontements, entre le colonel de Saint-Arnaud et Boumazza un marabout pugnace, venu du Maroc. Le massif est exposé aux vents d'ouest, sud-ouest, parfois violents qui amènent régulièrement la pluie (l'hiver évidemment). Les vents du nord sont eux porteurs de fraîcheur, quelquefois vive, l'hiver ; mais dans l'ensemble, des températures tout à fait supportables, notamment l'été, qui contrastent avec la canicule de la toute proche plaine du Chélif. Une pluviométrie qui oscille moyennement entre 450 et 550 mm, somme tout convenable, si ce n'était son irrégularité chronique (phénomène propre à l'ensemble du pays). Qui a écrit "… 600 mm à Brest sur 280 jours, tombent ici en 40 seulement …" ? . Tout est dit. LES TROIS FLEURONS DU HAUT-DAHRA « Le mot » est de Marcel FLORENCHIE Mes amis de Paul-Robert et Renault voudront bien me pardonner de citer Rabelais en premier et d'être plus loquace à son sujet. Cela s'explique par le fait que c'est évidemment mon village natal que je connais le mieux, mais surtout, je suis convaincu que tout ce que j'ai découvert sur Rabelais (à la suite de recherches) : achat de terres aux indigènes, difficultés de tous ordres, balbutiement des premiers colons, orientation vers la vigne et tant d'autres détails, sont propres aux trois villages. Par conséquent pourquoi me répéter ? Je vais donc m'attacher à faire ressortir, assez brièvement la singularité (je n'ai pas dit la différence) de chacun. Par contre, quand il s'agira des VINS du HAUT-DAHRA, ils resteront INDISSOCIABLES, d'autant que c'est tout précisément le sujet que l'on m'a demandé de développer : "… Parles-nous des meilleurs vins du monde …" m'a dit quelqu'un qui connaît ses classiques, et à qui je laisse la responsabilité d'un tel compliment. RABELAIS 1887/89 – AIN MERANE avant et après - "… en hommage public à l'écrivain (sic) …" Pourquoi ? Personne n'a jamais pu le dire. Dès 1845, le général de SAINT-ARNAUD avait déjà installé, sur cet emplacement qu'il juge stratégique, un fort, dit bordj d'Aïn Mérane qui sera en permanence occupé par des militaires, durant la conquête, et servira, par la suite, de caserne à la gendarmerie locale, depuis la création du centre jusqu'aux années 1950. C'est dire l'importance et la qualité de l'ouvrage. La présence d'une source (Aïn-Mérane) intarissable même l'été, n'est pas étrangère à ce choix. RABELAIS se situe à 42 km d'Orléansville ; 80 km de Ténès, port le plus proche, mais surtout le siège administratif dont dépendra jusqu'à la fin, le nouveau centre- Par contre,. RENAULT, déjà créé depuis 13 ans, se trouve à 14 km, dans une autre direction. 1800 hectares, sur les 4770 que compte le douar M'Chaia – des terres ACHETEES aux indigènes pour la somme de 150 464,44 francs/or- "… des terres pas ou très peu exploitées … leur mise en valeur nécessitera un très sérieux défrichement …" (archives nationales OM d'Aix-en-Provence). Le gouverneur général de l'époque est M. TIRMAN (1880-1891). Le village regroupe initialement "50 feux". 113 demandes d'attribution avaient été déposées, on ne retrouve la trace suivie, même en remontant très haut, que de 47 d'entre elles. D'où viennent ces pionniers ? Les deux Savoies, les deux Alpes, fournissent 70 à 75 % de la population. LES CONCESSIONS ! … Elles sont à l'origine, de 30 hectares, plus un lot de jardin au village. Beaucoup trop petites ces attributions : une rallonge de 10 hectares s'imposera en 1916-1918 : L'AGRANDIS-SEMENT, un événement qui fera date dans l'histoire du village. Notons à ce propos, que les indigènes reçoivent à leur grande satisfaction, en indemnisation, une somme de 30 000 francs/or … Journal Officiel, "Le Mobacher" – (archives d'Aix). Les premières années, les colons s'en tiennent essentiellement aux cultures vivrières qu'ils connaissaient en Métropole : les céréales (principales et secondaires), ne serait-ce que pour assumer le quotidien. Les résultats sont mauvais, très mauvais, catastrophiques. J'ai sous les yeux, des chiffres communiqués dans un rapport officiel, en date du 8 août 1901, estampillé par la Préfecture d'Alger : ils ne couvrent pas la semence ou à peine. La réaction va venir des jeunes, la seconde génération, elle, s'intéresse à la vigne, mais elle va se heurter à la réticence des pères, eux, marqués par la crise phylloxérique (en Métropole et même en Algérie), par les difficultés à combattre les maladies cryptogamiques, et surtout les souvenirs liés à la mévente des vins (mouvements violents des vignerons dans le midi de la France). Et pourtant, dans le Haut-Dahra, certains, qui ont noms Maurice Tourrenc, Octave Saint-Jevin, Dominique Guiganti, Léon Blanc,pour ne citer que les plus décidés, mais ils ne sont pas seuls, vont braver les "anciens". La cave coopérative de Rabelais voit le jour en 1923. Au départ, 3000 hectos. Elle connaîtra en trente ans, une évolution progressive, régulière, matériellement et … dans les esprits, qui la mènera à sa plénitude dans les années 1950. Son développement entraînera une impulsion et un essor économique (dont j'ai tenté de chiffrer le montant : important), qui rejaillira sur le village et toute la région environnante. – chacun sait que la culture de la vigne génère six fois plus de temps de travail, donc de salaires, que la céréale, à surface égale-. La cave fait alors 48 000 hectos. Le vignoble couvre 700 hectares que se partagent, assez inégalement, treize coopérateurs auxquels il convient d'ajouter 3 caves particulières. Les deux dernières décennies 40/62 connaîtront une nouvelle dynamique dont nous reparlerons plus loin, puisque, comme annoncé, il s'agira d'un phénomène commun aux "trois fleurons du Haut-Dahra". Entre temps, (1935) la NOUVELLE église a été construite. N'oublions pas en effet que dans ces petits centres très isolés, la vie s'articule, en partie, autour du lieu du culte et de son curé. En 1947, des visages nouveaux investissent Rabelais : On a décelé, dans les ravins avoisinants le village, des indices de gisements pétrolifères. Les sondages et recherches vont s'étaler sur 3 à 5 ans, avec des temps plus ou moins forts – Nous détiendrons, à une certaine époque, un record d'Europe de profondeur ( 4 400 mètres) – Hélas, on ne trouvera que du gaz, en quantité certes, mais ce n'était pas alors, semble-t-il, la spéculation recherchée. Les forages seront abandonnés. Néanmoins avec cette aventure, "les PETROLIERS" comme on les désignait, auront créé une animation nouvelle dans ce centre, jusqu'alors tourné uniquement vers l'agriculture. De plus, pas mal d'indigènes y trouveront des emplois. 4 ou 5 européens y débuteront et certains d'entre eux poursuivront de solides et belles carrières. Dans les années 50, la vague des foyers ruraux gagne Rabelais. C'est une chance que saura saisir une équipe dynamique et créer ainsi une animation de qualité, très diversifiée, et aussi un nouvel état d'esprit collectif quelque peu disparu avec le temps et … le bien-être. Il va également apporter une utile diversion à nos problèmes du moment : nous sommes en 58, 59, 60 ; le tremblement de terre d'Orléansville, en 1954, avait ébranlé nos maisons et nous avec, mais nous pressentons que le pire est à venir ! … Revenons en 1911. PAUL-ROBERT est enfin créé – TAOUGRIT avant et après- A égale distance (18 km) de RENAULT et RABELAIS, mais dans des directions différentes. Le nouveau centre constitue la pointe d'un triangle orienté vers la mer. L'origine du nom ? La puissante famille ROBERT de minotiers/banquiers, a pignon sur rue à Orléansville. L'un de ses membres, Paul, en son temps maire de la cité du Chéliff, est tué en duel. En souvenir de l'aide efficace apportée par les minotiers/banquiers, rappelons-le, on donnera leur nom au village naissant. Une dernière précision : un autre Paul, l'auteur du célèbre dictionnaire, est un descendant direct de la famille ROBERT d'Orléansville. En direction de la mer, avons-nous dit, mais aussi en bordure de la forêt. Qui dit forêt, dit gibier (perdreau, sanglier …) donc chasseurs. On y comptera effectivement de sacrés "fusils". Cette forêt fournira aussi la matière première à une activité artisanale peu courante : De 1926 à 32, une société italienne exploitera la bruyère dont on tirera les ébauches de culot de pipes qui partaient pour l'Italie et pour … Saint-Claude (Jura). Cette activité originale prendra donc fin en 1932, mais certains anciens se souvenaient encore des "pipiers" et jusqu'à la fin, "l'usine à pipes" restera un lieu dit connu de tous au village. Autre singularité, bien plus remarquable encore. Dans les environs de l'agglomération, on a mis à jour de très importants vestiges romains, répartis sur plusieurs hectares, dignes d'intérêt historique puisqu'ils attireront des archéologues de grand renom, lesquels publieront de nombreux ouvrages qui situent cette présence romaine aux siècles qui encadrent l'avènement de J. CHRIST. Il semble que la cité de KALAA constitue la partie centrale de cet ensemble particulièrement riche, qui demeurera en l'état, seulement connu de quelques initiés. Peut-être est-ce mieux ainsi. Mais revenons à nos colons. D'où viennent-ils ? D'origine assez variée en métropole, mais aussi de certains villages déjà créés en Algérie (nous sommes en 1911) et alors détails curieux, beaucoup sont d'anciens gendarmes, militaires ou fonctionnaires des Eaux et Forêts par exemple. La plupart furent d'excellents colons. LES CONCESSIONS . L'exemple de Rabelais (trop petites) a –t-il été retenu ? Elles sont ici plus grandes. Quant au village lui-même, il coiffe une crête rocheuse et ce relief naturel départage ainsi, en deux zones très distinctes, les terres d'exploitation –Le GRI et le TAOUGRIT- Cet heureux hasard répartissant les chances de récoltes en fonction des conditions climatiques de l'année. Les nouveaux colons sont confrontés aux mêmes difficultés que leurs voisins qui les ont précédés – Renault (1874) et Rabelais (1887) – Inadaptation des cultures céréalières, résistance des "anciens" au développement de la vigne … Mais précisément forts des expériences vécues, ils vont réagir plus vite : la cave coopérative est mise en chantier dès 1920. Ici, ce sont Messieurs Joseph CORTES, COURTIN, CHAMBON, Guy DUPONT qui seront les "locomotives". La cave atteindra 50 000 hectos, capable de traiter aisément la production des 730 hectares de vigne. Marcel DARBELAY, notre ancien (promo.S.B.ABBES 49/52), en fut le directeur dans les années 60/61. C'est en 1935 que sera inaugurée, par Monseigneur LEYNAUD, alors archevêque d'Alger, la première église de Paul-ROBERT. Restons un instant dans ce domaine des visites célèbres que connut, au cours de son histoire, ce petit centre de colonisation perdu (le terme ne se veut pas désobligeant) dans les montagnes du DAHRA. - En 1932, l'auteur du dictionnaire Paul Robert, déjà cité, encore enfant, accompagne son père en tournée électorale - En 1950, Marcel Edmond Naegelen, alors gouverneur général de l'Algérie, ami personnel de René Rivière, lui-même ancien préfet de métropole, natif de Paul ROBERT. Les deux hommes sont liés par une profonde amitié qui trouve ses racines en Dordogne, durant la guerre de 39/45. - En 1952, le 7 avril, Philippe LAMOUR, président national de la viticulture, à l'occasion de l'assemblée générale des V.D.Q.S. du Haut-DAHRA (nous en reparlerons plus longuement). TOUS ont écrit sur leur bref séjour dans ce charmant petit village des lignes fort élogieuses sur l'accueil qui leur fut réservé par la population. Le Foyer Rural dont Alain OLIVIER, notre collègue de Bel-ABBES (promo 51/54) fut un animateur très actif, joua pleinement, ici aussi, le rôle que l'on en attendait, les dernières années surtout. A RENAULT, Sidi M'Hamed ben Ali – avant et après -, créé en 1874, donc le plus ancien des trois villages, nous sommes déjà en Oranie. C'est le général Renault, qui s'illustra dans la pacification de la Kabylie, qui lui a donné son nom. On va mettre en place, ici, les bases d'un important centre de colonisation; dès le départ, on compte 80 concessions agricoles et…10 lots industriels ! Curieusement, l'emplace-ment est déjà doté en établissements communaux conséquents. Est-ce dû à la proximité ( 5 km ) de MAZOUNA, ancienne capitale culturo- religieuse du Dahra ? Les premiers colons arrivent d'Alsace, de Lorraine, du Centre- Ouest : Auvergne, Ariège, Aveyron. On note aussi la présence de quelques familles de notables musulmans. Toujours l'influence de Mazouna ? C'est possible. Ces pionniers sont donc les tout premiers à devoir mettre en valeur ce coin du Dahra. Ils ne pourront bénéficier d'aucune expérience, et devront découvrir seuls, et à quel prix ! l'orientation à donner à leurs exploitations. Ils auront probablement avec leurs " anciens " les mêmes problèmes déjà évoqués. C'est pourtant vers la vigne qu'ils vont se tourner, mais, curieusement, avec un certain individualisme puisque l'on va compter 8 à 10 caves particulières dont la capacité variait de 5 à 10.000 hectos. Ce qui n'empêchera d'ailleurs pas la construction de la Coopérative, mais en 1930 seulement : 40.000 hectos. Indispensable pour un vignoble qui couvre 1.000 hectares dans les années 50. Quelques noms à la base de cette évolution : Messieurs CARRIERE, BOULENC, TOURRENC, BROCHIER. Particuliers et coopérateurs entretiennent, nous dit-on, les meilleures relations possibles. Le Bordj de Renault mérite que l'on s'y intéresse. Contrairement à celui de Rabelais, lui, totalement excentré par rapport au village – il n'y en a pas à Paul-Robert - celui de Renault se fond dans l' ensemble du bourg. L 'enceinte fortifiée, percée d'une seule porte de pénétration, abritera jusqu'en 1962 : l'église, les écoles, la gendarmerie et servira même de logements, certes vétustes, les dernières années, aux employés communaux. L 'ensemble du site remarquablement boisé, conserve ce cachet particulier des forts de la colonisation. Renault est le siège d'une commune mixte. Un administrateur principal y réside. On pourra regretter, à ce sujet, que Rabelais et Paul-Robert, situés, eux, dans le département d' Alger, (devenu d' Orléansville) , aient de ce fait, été rattachés administrativement à Ténès, (80 km), alors que tant de liens (intérêts et amitiés ) les attiraient à Renault (14 km) – limite départementale oblige-. Le village sera électrifié en 1931, alors que ses deux voisins ne le seront qu'après 1945. D'ailleurs, la supériorité de Renault se traduit dans d'autres domaines, notamment par un tissu fort appréciable de commerçants très diversifiés et d'artisans auxquels on fait appel dans les environs. Son marché hebdomadaire est également important : El-Sebt (samedi). En plus des fruits et des légumes, viande de mouton, de chèvre, d' épices, que l' on trouve à Paul-Robert, El-Had (dimanche), et à Rabelais, El-Tnine (lundi), on commerce ici, de la bête vivante (chevaux, mulets, ânes ). Ne m'a-t-on pas dit, concernant précisément ces derniers, qu'ils étaient acheminés vivants, via Oran, sur Marseille, puis Lyon pour être transformés …en saucissons… d'Arles probablement ! Plus sérieusement, notons que ces trois marchés, intelligemment étalés en fin semaine, non seulement ne se faisaient pas concurrence, mais au contraire trouvaient là un lien supplémentaire, car ils étaient fréquentés et animés par les mêmes commerçants indigènes. Par ailleurs, sauf retard dans les travaux agricoles, les ouvriers étaient au repos .. el Sebt à Renault, el Had à Paul-Robert, et el Tnine à Rabelais. C'était .. "nahar el khlass ou souk". Ici, pas de " pétroliers " (Rabelais), pas de " pipiers " (Paul-Robert), mais des religieuses, des Trinitaires arrivées pratiquement avec la colonisation. Elles assureront, les premières années, la scolarisation des enfants, deviendront ensuite assistantes du (des) médecins de colonisation et tiendront, les dernières années, un ouvroir surtout destiné à l'éducation des jeunes musulmanes. A défaut d'un apport économique, la présence permanente des "sœurs" constituera pour beaucoup, un réconfort appréciable. A ma connaissance, il n'y a pas de Foyer Rural à Renault, ce fut peut-être dommage, quand on a constaté ce que ces organismes, bien animés, avaient apporté, les dernières années, à ses voisins. Par contre, il y avait une équipe de foot-ball qui disputait le championnat d'Oranie, certes en catégorie très inférieure, mais tout de même ! Il est utile de préciser que RENAULT, avec son administrateur principal, était le siège de plusieurs communes mixtes de la région (côté Oranie) Sachez, pour terminer, que la cloche de l'église de Renault rythme désormais l'horaire monastique des sœurs Bénédictines, au monastère de Font de Pertus, au Barroux, dans le nord Vaucluse. ILS AVAIENT UN PRENOM, ILS VONT SE DONNER UN NOM DE FAMILLE Dans les années 40, les trois village obtiennent le label fort convoité de V.D.Q.S. Ils vont désormais jouer dans la cour des grands. Certes, la nature leur a confié un terroir privilégié, mais cette distinction est une consécration, une récompense logique à de gros efforts, entrepris depuis de nombreuses années. - - Choix des cépages, moins productifs, plus sensibles…mais dont la complémentarité a largement fait ses preuves : Carignan 75%, Alicante-Bouschet 10%, Cinsault 15%. - - Mais aussi respect des règles propres à la coopération, et désormais de celles qui leur sont fixées par la nouvelle appellation ; depuis la vendange, choix du matériel et méthode de vinification, jusqu'à la conservation. Tout un ensemble de détails que je retrouve dans mes rapports. ( En effet, dans le cadre de mon enseignement agricole, je fais deux stages de vinification: Rabelais 1953, Paul-Robert 1955 ). Ces bases solidement établies chez chacun, on va, faisant abstraction de quelques petites rivalités inévitablement nées au fil des ans, conjuguer sans arrière pensée, ses efforts et tout en CONSERVANT SA PROPRE IDENTITE, on va créer et lancer : LES VINS DU HAUT-DAHRA. Un ensemble de plus de 2.300 hectares, susceptibles de produire 100.000 hectos. En rouge et rosé essentiellement. On trouve un homme exceptionnel en la personne de Marcel FLORENCHIE. Ingénieur des T.P. à la retraite, issu d'une vielle famille de Renault, resté viscéralement attaché à la glèbe. Au terme d'une carrière bien remplie dans l'administration, il rentre au village et là, va se consacrer désormais à la vie associative agricole. Ses qualités humaines, sa capacité à monter et à présenter les dossiers, son sens de la médiation, vont lui gagner l'adhésion et la considération de tous, sans réserve. "Oncques n'en avait bu comme y celui". Etant petit, cette devise tirée de qui vous imaginez et qui agrémentait nos bouteilles de Rabelais, m'intriguait. Car j'ai toujours vu de la bouteille chez nous. Certes, on ne la sortait que pour les grands jours, ou l'offrir à quelques amis connaisseurs. D'ailleurs elle était tirée en quantité limitée et essentiellement réservée aux coopérateurs. Il s'agissait d'un flacon type " Bordelaise " dont le goulot avait été trempé dans la cire qu'il fallait casser à petits coups, délicatement, avant de retirer doucement le bouchon. Déjà tout un rituel auquel je revois mon grand-père Octave, sacrifier avec un certain respect. J'ignore totalement si, à cette époque déjà, nos voisins en faisaient également à usage interne. Par contre, je pense me souvenir qu'en 48/50, c'est Rabelais qui décide de se lancer dans la COMMERCIALISATION de la bouteille. Désormais, il va s' agir du flacon type " Bourguignonne " . Renault et Paul-Robert vont très vite en faire autant. Nous allons découvrir alors, un marché…une clientèle nouvelle, très différente de celle de la "citerne", mais quel merveilleux outil de promotion !… En 1951, Rabelais consacre à la bouteille, 2.000 hectos (moins de 10% de sa production) . Les investissements de tous ordres sont lourds à mettre en place (à Rabelais, toute cette opération se faisait à la cave coopérative même) Mais cette nouvelle orientation va rapidement s'accélérer. Les vins du Haut-Dahra vont très vite gagner le marché nord-africain (des européens), se faire connaître et apprécier en France métropolitaine. Une assemblée générale se tient tous les ans, selon un mouvement tournant, dans chacun des trois villages. C'est l'occasion de réunir, autour des producteurs eux-mêmes, tout ce monde qui gravite, de près ou de loin, à tous les échelons de l'élaboration à la commercialisation du vin. L'assemblée de 1952, à Paul-Robert, en est l'illustration : tout le gotha de la viticulture en Algérie se presse autour de Philippe LAMOUR, secrétaire général de la toute puissante C.G.A. Française, Président National des V.D.Q.S., homme de grand talent, dont l' autorité et la compétence seront reconnues dans des domaines très diversifiés de l' agriculture française : Aménagement du Territoire, grand ordonnateur du Bas Rhône/Languedoc, (entre autres). Ce 7 avril 1952 marque la reconnaissance officielle, par la viticulture métropolitaine, de l'identité des VINS du HAUT-DAHRA. J'ai parlé de la complémentarité des cépages, indispensable à la qualité de nos vins. Cette notion va encore se manifester quand il va s'agir des caractéristiques propres à chacun des terroirs du Haut-Dahra. Je laisserai à la plume de Marcel FLORENCHIE le soin de vous préciser mon propos, car, que cet homme dont j'ai évoqué la grande valeur professionnelle, se double d'un talentueux écrivain, un poète même. Il a écrit plusieurs ouvrages sur ce coin d'Algérie qu'il affectionnait tant. Lisez, ou plutôt…goûtez: "…Les vins de chez nous, qui ne connaît leur haute et originale valeur ? A peu près cent mille hectos : degré, couleur, velouté, moelleux –Puissance et force à Renault – Charme et richesse à Rabelais – Goût du terroir savoureux à Paul-Robert. Trinité de joie et d' incomparable richesse que la terre renouvelle, sans jamais se lasser, pour récompenser l' émouvante fraternité qui unit dans l' effort quotidien acharné, le colon et ses collaborateurs indigènes…" (Algérie, Ma Province). Ce pourrait être ma conclusion… Mais je ne résiste pas au désir de vous faire partager une surprise que j' ai éprouvée tout récemment, en 2001. Mon beau-frère, un Paul-robertois bon teint nous présente à table, une bouteille d'Algérie, et, bien plus…du Dahra ! Pas d'erreur, l'étiquette en atteste: cuvée 1995. Nous le goûtons, le trouvons, surtout moi, tout à fait convenable, peut-être pas à "se mettre à genoux", mais tout de même…D'autant que j' ai l' impression d' y retrouver un arrière goût indéfinissable qui me rappelle quelque chose d'enfoui en moi… Peut-être est-ce tout simplement suggestif? Nous examinons davantage l'étiquette et nous y découvrons : " …Qualité des sols, conditions climatiques exceptionnelles, encépagemment harmonieux, se conjuguent sur les massifs du Dahra pour que s'y élabore l'un des plus grands crus de l'Algérie. Riche, velouté, parfaitement équilibré, l'un des sept grands vins d'appellation d'origine garantie…". Ce n' est peut-être pas du " Florenchie ", ne serait-ce que par le manque de poésie, mais tout de même, ça rappelle du "déjà lu "… Pour ma part, je suis maintenant convaincu que BACCHUS s'est un jour arrêté dans le Dahra, et comme l' on sait que les divinités affectionnent les sommets, concluez comme moi, que c'est dans .. …. ….. qu'il s' est définitivement établi. J.
DEDEBANT
Sidi-Bel-Abbès ( 52/55 ) |
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