Commune de Paul Robert

Avec l'apport de Marguerite BROCHE, Marcel CORTES et d'André DUMAS, militaire au 18 ème R.A. (adresse de son blogue :( http://algeriede1959a1961.unblog.fr)

 

Histoire

Créé en 1910.

Du nom de Paul ROBERT, Maire d'ORLEANSVILE et fondateur de la Banque ROBERT.
Voir dans Orléansville, Histoire, Vieilles familles, La famille ROBERT.

Nom arabe : TAOUGRIT

 

 

Photos

Vues générales

 

Bâtiments

Mairie

 

Rues, places et monuments

Monuments

Rues et places


 

Commerces et Industries

cave coopérative

 

 

Ecole


1915

 

Vie quotidienne

la vie indigène ...

... et européenne

 

Présence militaire

 

 

Récits

  Paul ROBERT, le lexicographe



1830 : Débarquement en Algérie.
Quelques années plus tard, les premiers français s'installent.
1849, parmi les nouveaux arrivants, Martial ROBERT, descendant de montagnards des Alpes, s'établit à ORLEANSVILLE où il crée (avec les difficultés que l'on imagine), un petit moulin.
10 mars 1871, le fils, Joseph, Gabriel voit le jour à Orléansville".
Solidement regroupée autour du moulin, la famille ROBERT prend racine. Les deux fils, Joseph et Paul prennent pour épouses les deux filles du sous-préfet d'Orléansville, Edouard GOUIN, un grand ami de Martial.
Malheureusement, le 07 Avril 1910, Paul, maire d'Orléansville et président du Conseil Général, est tué en duel politique. Son nom sera donné deux ans plus tard à un petit village de la région : Paul ROBERT.
Le 19 Octobre de la même année, Marguerite, femme de Joseph, donne le jour à un enfant prénommé Paul, en souvenir de l'oncle disparu.
" C'est tout près du moulin devenu grand " qu'allait se dérouler l'enfance de Paul Robert, le créateur du ''Dictionnaire alphabétique et analytique de la langue française'', une des plus grandes réussites de notre époque dans le domaine littéraire.
Dès son plus jeune âge, alors qu'il fréquentait l'école communale, le petit Paul fait montre d'un goût réel pour le détail précis, le calcul arithmétique.
Après de brillantes études secondaires à Alger, le jeune adolescent suit, par raison, très momentanément d'ailleurs, les cours de l'Institut Agricole de Maison-Carrée alors qu'il aurait préféré faire du droit. Deux mois plus tard, cependant, il est inscrit à la Faculté de Droit d'Alger.
Passionné d'action corporative, il milite dès 1921 au sein de l'Association Générale des Etudiants. Comme tout ce qu'il fait, il prend son travail très au sérieux, c'est pourquoi il gagne très rapidement des galons. On le retrouve deux ans plus tard Secrétaire puis Président à la fin de la même année. Sous son impulsion, un rêve de cinquante ans verra rapidement le jour. Il s'agit de la fameuse ''Maison des Etudiants'' d'Alger. Il n'a que 22 ans lorsqu'un terrible malheur le frappe : sa mère et sa sœur meurent à dix-sept jours d'intervalle. Malgré la douleur, il poursuit de brillantes études et ce sont quelques année de dur labeur entrecoupées d'une année de service militaire.
Grâce à l'héritage reçu de sa mère, il s'est installé à Paris. C'est là que la mobilisation de 1939 le touche alors qu'il prépare sa thèse de doctorat en droit et l'agrégation d'Economie Politique. Chargé d'établir un dictionnaire du chiffre, il est démobilisé après la drôle de guerre, à Alger en Juillet 1940. Etabli dans une villa, sur les hauteurs d'Alger, il entreprend une étude sur l'économie algérienne en l'absence de ses documents restés à Paris.
Puis c'est le débarquement allié en Afrique du Nord. Mobilisé à nouveau, il est encore affecté au chiffre. ll y demeurera jusqu'au 15 janvier 1945 : immédiatement au travail il soutient sa thèse et se voit promu au grade de docteur avec les mentions et récompenses les plus distinguées.
C'est pendant l'été 1945, au cours de retrouvailles en famille au 'Pavillon des Hautes Alpes'' qu'il goûte aux joies d'un repos bien mérité. Repos de courte durée car il ne sait pas encore le travail monumental et de longue haleine qui l'attend d'ici peu. Pour les besoins d'une traduction, il entreprend dans les Alpes, une étude approfondie de l'Anglais. C'est à ce moment qu'il ressent la nécessité d'un dictionnaire plus élaboré qui associe logiquement les idées : la clé des mots se trouvant dans leurs définitions.
Bien que l'anglais reste le centre de ses préoccupations, il songe à mettre en œuvre sa méthode analytique aussi bien en anglais qu'en français, d'une manière sommaire mais simultanée. Finalement, il se décide à ''aborder l'analyse du vocabulaire français avant de passer à celle du vocabulaire anglais''. Certes, il ne soupçonne pas encore l'ampleur du travail qui l'attend. Ce qu'il veut, c'est dépouiller les dictionnaires. Durant l'hiver de 1945 et le début de 1946, il traite un bon millier d'articles des lettres A et B.
Il juge alors qu'il est temps de procéder aux transferts qu'implique sa méthode de renvois, par exemple de reporter les mots tels académie, aréopage, assistance, auditoire, à l'article ASSEMBLEE, agape à BANQUET, balnéaire à BAIN etc.
"Voilà donc un gros travail en perspective et pour le dixième de la nomenclature d'un dictionnaire ".
Dès lors, sa décision est prise, à l'encontre des amis de son entourage : ce travail demanderait, seul, un certain laps de temps sinon un laps de temps certain. Il trouvera donc des collaborateurs bénévoles pour réduire ce temps.
Il découvre sa première collaboratrice en Dordogne, où il a acheté une propriété en 1942. Il fait faire les travaux dactylographiques à Paris où il gère une librairie appartenant à son père. Pour l'usage contemporain des mots, il convient malgré tout de remonter aux sources les plus lointaines qui puissent les illustrer. Bientôt, il s'adjoint donc deux autres auxiliaires. Pour leur travail, il leur adresse des feuilles dactylographiées dont il garde un double, évitant ainsi les risques de perte.
Petit à petit, les dossiers se gonflent et, dès 1948, le dictionnaire est envisagé.
Deux questions se posent : quel éditeur accepterait de l'aider ? Comment financer son entreprise ?
Il doit créer avant tout un spécimen pour obtenir au plus vite des concours et l'appréciation des hautes personnalités littéraires. Il imagine un système de numération des citations, unique. Georges DUHAMEL, le premier, rend hommage à son travail et à son courage. Puis François MAURIAC, André MAUROIS. En 1950, il rencontre Emile HENRIOT.
Cependant, la rédaction du dictionnaire va bon train. Les premiers fascicules sont corrigés sans relâche et déjà, les premières manifestations de la gloire se dessinent.
Le 20 Mai 1950, Edmond BRUA, connu de tous les Pieds-Noirs, prédit un brillant avenir au dictionnaire de la langue française. La presse d'Algérie reprend en écho.
Le 15 juin 1959, l'Académie lui décerne le prix Saintour. C'est sa première grande victoire. ''Samedi Soir'' proclame quelque temps plus tard, sous la plume de A.H. FLASSCH : " C'est d'Algérie que nous viendra le nouveau Littré ". C'est aussi d'Algérie où tout le pousse à retourner (il avait vendu sa villa d'Alger en 1 947) que lui parviennent ses premiers actionnaires. Il était temps car les difficultés financières inhérentes à ce genre d'entreprise commencent à surgir.
Septembre 1950 le retrouve donc à Alger dans une vieille maison mauresque ''Dar el Kef'' La maison du rocher. Cependant, pour des raisons économiques, le dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (les mots et les associations d'idées) voit le jour à Casablanca en Février 1951. C'est d'ailleurs l'année d'un nouveau et fructueux démarrage auprès des souscripteurs pieds-noirs. Je n'hésiterai pas à dire, sans risque d'être contredit par Paul ROBERT lui-même, que tout est parti d'Algérie.
C'est en somme une grande entreprise pieds-noirs. Et si la métropole possède aujourd'hui cet important outil de travail et de recherche, c'est un peu grâce à l'Algérie, toute entière unie derrière un de ses fils les plus éminents.
Nouveaux dossiers, nouveaux collaborateurs dont des permanents pour maintenant assurer la sortie ponctuelle des fascicules. Il y a beaucoup de monde, dès lors, à la villa d'Alger.
Mais, pour une meilleure gestion, il lui semble plus raisonnable de s'installer au Maroc où se trouve déjà le centre administratif et commercial de la Société. D'autres collaborateurs bénévoles se joignent à Paul ROBERT qui se débat comme un lion entre l'élaboration du dictionnaire, les corrections, les conférences, l'administration et la gestion de son affaire.
1955, en raison des évènements, il faut déménager à nouveau, hélas. Adieu Casa ! Bonjour Paris ! Coucou, me revoilà !
Des difficultés d'un autre ordre l'assaillent. Il faudra presque dix mois pour se procurer (en Angleterre ! …) les caractères identiques à ceux utilisés dans les premiers tomes parus.
C'est alors que survient un incroyable et incompréhensible ''guerre des dictionnaires'' : procès, critiques, journaux, télévisions, tous s'en mêlent.
Mais elle est gagnée dès le départ par ce fils de pionnier qui saura se battre et prouver son bon droit. Tour à tour, les grands écrivains prendront d'ailleurs position en sa faveur.
4 octobre 1958 : ancien maire de la commune d'Orléansville (1919 - 1929), Joseph Gabriel Robert, son père, décède à ALGER, à l'âge de 87 ans. ". Malgré la guerre d'Algérie qui sévit, des milliers de musulmans se joignent au cortège pour rendre un dernier hommage à mon père " écrit Paul ROBERT dans les ''Aventures et mésaventures d'un dictionnaire''.
De 1960 à 1964, c'est une série impressionnante de conférences, de réceptions qui confirment la victoire totale de Paul ROBERT, victoire qui prendra fin le 28 Juin 1964 avec l'article ''ZYGOMATIQUE''.
Il pourra écrire alors sur une grande feuille de papier blanc : " J'ai terminé mon dictionnaire ". Feuille qu'il retrouvera le lendemain, couverte des signatures de tous ses collaborateurs sous ce simple compliment : " Bravo patron ! ".
Il lui aura fallu seize années d'un travail acharné et permanent, entrecoupées de courtes périodes de désespoir pour arriver à cet ouvrage merveilleux. Ouvrage merveilleux pour la France certes. Mais ouvrage unique au monde.
N'est-ce pas M.F. BAUER, berlinois d'origine, chef des bureaux de traduction d'Euratom qui, en Février 1965, à Bruxelles, présentait Paul ROBERT à un nombreux auditoire, composé principalement d'interprètes et de traducteurs :
" Paul ROBERT a fait une oeuvre utile pour ses compatriotes. Mais ce qu'il ne sait peut-être pas et que je tiens à lui dire devant vous, c'est qu'il n'existe au monde aucun ouvrage semblable au sien et que sa méthode de dictionnaire alphabétique et analogique est une découverte de portée universelle ".
La France peut être fière de Paul ROBERT.
Nous, Pieds-Noirs, nous le sommes doublement.

Marcel GORI, Directeur de ''l'Echo des Français Rapatriés d'Outre-Mer''

Note de "L'Echo" : La société du nouveau Littré ''Le ROBERT'' nous a gracieusement fait parvenir les ''Aventures et mésaventures d'un dictionnaire'' de Paul ROBERT dont Marcel GORI s'est largement inspiré pour écrire son article, paru dans ''l'Echo des Français Rapatriés d'Outre-Mer'' de Janvier 1979.

Texte repris par Jacques TORRES le 12/03/2002.
NDLR : Voir dans Orléansville, Histoire, Vieilles familles, Famille ROBERT.

 


Paul ROBERT monographie


La création :

Un arrêté du Gouvernement Général de l'Algérie en date du 24 Septembre 1 887 envisage la création de ce village qui a été l'objet de divers projets d'aménagements, d'enquêtes, de remaniements multiples et ne sera loti qu'en 1 910 et peuplé en 1 911.

Le village s'appellera TAOUGRIT jusqu'au 7 Juillet 1 913 où le nom de PAUL ROBERT lui sera attribué par le Gouverneur Général de l'Algérie en hommage au maire d'ORLEANSVILLE, Paul ROBERT, décédé au cours d'un duel. Celui-ci était l'oncle du lexicographe bien connu, Paul ROBERT.

Ce centre se trouvait à l'extrémité Ouest de l'ancien Département d'ALGER (91), à environ trois km de l'ancien Département d'ORAN (92) et il appartiendra ensuite au Département d'ORLEANSVILLE (9H). Assez proche de la mer : 35 km par la D 102 pour atteindre LE GUELTA (mais 10 km à vol d'oiseau…). Le village le plus poche est AÏN SERDOUN et, à une vingtaine de km se trouvent RABELAIS et RENAULT mais il faut 60 km pour arriver à ORLEANSVILLE.
Aux environs de PAUL ROBERT, il y avait des agglomérations antiques : vestiges romains abondants à l'Ouest et au Sud, à KALAA, SIDI BOU CHAÏB, SIDI ABD EL KADER, route romaine …
Marcel FLORENCHIE, écrivain originaire de RENAULT, nous décrit cette région vers 1 934 avec beaucoup de poésie et d'émotion dans son livre :'Vieilles figures''.
" Voici nos montagnes à l'aspect revêche, rougeâtres, aux lignes confuses, très travaillées par des érosions incessantes et d'où descendent, entre de hautes murailles d'argile, des oueds redoutables… Nous laisserons RABELAIS, paresseusement étendu dans ses sables, village au nom joyeux mais dont Pantagruel sans doute n'aurait pas bu impunément le vin velouté et capiteux. Voici RENAULT, à quelques kilomètres de MAZOUNA, campé sur une crête, le pays du vent, des sapins noirs, des meules blanches, du vin puissant et généreux. Et c'est la descente en lacets rapides vers les creux de l'Oued GRI, plaine énorme de terres fortes comme vous en trouverez rarement dans le bled algérien. A la remontée, PAUL ROBERT, anciennement TAOUGRIT, subitement rencontré derrière une crête de roches qui marque la fin du plateau trapu, escarpé, imposant, d'où les soldats romains observaient la houle profonde des blés superbes …
A ses pieds, un second affaissement étendu de terres noires où l'œil surpris découvre des fonds humides garnis de saules.
Lorsque vous avez dépassé le village d'une lieue et que vous vous retournez, vous avez l'impression d'un coin de PROVENCE : murailles blanches, toits de tuiles rouges, quelques arbres dans un ciel qui est généralement d'une luminosité parfaite. Sur un des côtés de l'agglomération, faisant corps avec elle, une opulente cave coopérative. Ses divers ajustements, sa tour d'angle massive, ses ouvertures supérieures allongées et peu épaisses, font penser à quelque arène de là-bas.
RENAULT, RABELAIS, PAUL ROBERT, les trois villages unis par l'amitié, les parentés, la communauté d'intérêts dans la défense de vins supérieurs, mais, ici, un centre récent qui diffère de ses voisins plus vieux : pas d'église, pas de justice de paix, pas de gendarmes, pas de médecin, pas d'électricité … un esprit pratique, jeune et précis chez des gens que le crédit puis la vigne généreuse ont lancés et soutenus. "
Le village de PAUL ROBERT était connu en Algérie et en France par son vin célèbre ayant obtenu des médailles d'argent en 1 951, 1 953 et 1 954 au Concours Général Agricole et, en 1 956, le premier prix au Concours Général V.D.Q.S. France-Algérie.
Dans son livre ''Terres Françaises'', Marcel FLORENCHIE nous en parle et son témoignage rappelle les liens créés par la colonisation française entre nos deux communautés :
" Les vins de chez nous ? Qui ne connaît leur haute et originale valeur ? Puissance et force à RENAULT, charme et finesse à RABELAIS, goût de terroir savoureux à PAUL ROBERT … Trinité de joie et d'incomparable richesse que la terre renouvelle sans jamais se lasser pour récompenser de l'émouvante fraternité qui unit dans l'effort quotidien acharné le colon et ses collaborateurs indigènes. "

Le village :

Quelques toits de tuiles roses où, çà et là émergent des bâtiments blancs parmi les arbres, se détachent sur un paysage de vignobles étagés et de montagnes doucement ondulées, tel apparaît PAUL ROBERT à ceux qui arrivent DU GUELTA, de RABELAIS, ou de RENAULT par des routes sinueuses et pittoresques.

Bâti sur un sous-sol fortement rocheux, ''accroché à un promontoire battu par les vents'', le village est situé dans la commune mixte de TENES, arrondissement d'ORLEANSVILLE, à une soixantaine de kilomètres au Nord-Ouest, longitude Est à 1,57 gr environ, latitude Nord 36° 15 (approximativement, celle de la SICILE et de GIBRALTAR), sur une colline du Haut DAHRA qui domine la plaine de TAOUGRIT, dans l'extrémité Ouest de l'ancien Département d'ALGER, à environ trois kilomètres à vol d'oiseau du Département d'ORAN, à 48 Km d'INKERMANN, 98 Km de RELIZANE, 255 km d'ORAN et 313 km d'ALGER.

Vu d'avion, PAUL ROBERT ressemble à un bateau dont la proue serait l'école, la poupe la maison et le jardin de la famille Alphonse HERMAND, à bâbord la gendarmerie (et l'ancien marché) et à tribord la cave coopérative.

Le marché :

En 1 911, les premiers habitants décidèrent que le marché de PAUL ROBERT aurait lieu le dimanche car le samedi, c'était à RENAULT et le lundi à RABELAIS.
Il fut délimité par un ingénieur de colonisation. Les jours de grand vent, il se tenait sur la route de RABELAIS. Vers 1 938, il fut entouré d'un grillage. Le collecteur venait faire payer un droit d'entrée. Le marché était loué aux enchères par la commune mixte de TENES.


Avec l'apport de Marguerite BROCHE