MONTENOTTE
AÏN
DEFLA
(la source des lauriers roses)
(Transcrit par Claude Suire aux Archives
d’Outre-Mer à AIX EN PROVENCE)
La
colonie agricole de Montenotte a été fondée le 19 septembre 1848.
Le nom du village vient de la victoire de Bonaparte sur les Autrichiens
le 12/04/1796, village Italien de Ligurie.
Aujourd’hui le village a été rebaptisé
Sidi Akacha ( Marabout ).
Le
Centre de colonisation est administrée par le ministère de la guerre.
C’est donc l’armée qui gère le hameau qui dépend de la commune de
Ténès. Le Capitaine Lapasset est chargé de diriger la section de
Montenotte, c’est un homme dynamique, intelligent mais très autoritaire,
et les relations avec les colons ont souvent été très tendues.
Située
à 7 km de Ténès et 47 km d’Orléansville dans la plaine de l’Oued
Allala à 100 mètres d’altitude cette commune de 10 732 hectares
est traversée dans toute sa longueur par le chemin de grande communication
n° 2. La gare la plus proche est à Orléansville. La ligne de chemin
de fer Orléansville-Ténès a été mise en service le 1er
avril 1910, elle traversait les gorges de Ténès du côté opposé à
la route. Ma grand-mère maternelle Claire Weishaar était garde-barrière
à la maisonnette. Mon grand-père maternel Meyer Armand Jules travaillait
lui aussi au chemin de fer, il était chargé de contrôler la voie
Montenotte-Ténès avant le passage du train. La voie fut détruite
en 1927 par l’Oued Ouahrane en furie, elle ne fut jamais réparée.
Dans un premier temps un transbordement des voyageurs avait lieu
là ou la voie était endommagée, mais cela a vite été abandonné au
profit du transport routier.
Le
territoire de la commune va jusqu’à l’entrée des gorges de Ténès
à 2 km du village. Là un barrage sur l’Oued Allala a été construit.
On y trouve aussi un moulin qui s’appelle bien entendu le moulin
des gorges, il a été construit en 1849 par Joseph Robert, qui en
confia la gestion à son fils aîné Paul.
A l’Est de la plaine se trouvent les mines de cuivre de Boukandak
et les mines de fer de Chatillon qui occupent une étendue de185
hectares.15 fermes européennes qui exploitent une étendue de 570
hectares et 7 fermes indigènes d’une étendue de 290 hectares.Prés de
la forêt de Bou-Allan, à l’Est de la route émerge une source abondante,
les terrains entourant cette source, environ 300 hectares, appartiennent
aux indigènes.
Plus en
dehors, à 5 km de Montenotte en remontant le cours de l’Oued Allala
c’est à dire dans le Sud Ouest, se trouvent sur le territoire des
Heumis des Beni Tamoun 6 fermes européennes d’une étendue totale
de 414 hectares.
Dans ce
secteur aussi émergent deux sources : l’Aïn el Allech qui débite
environ 25 mètres cubes par 24 heures et l’Aïn Boukzoun d’un débit
4 fois plus important et qui pourrait être augmenté en captant quelques
petites sources qui se trouvent sur son parcours.
Il va
sans dire que les possibilités concernant ces deux secteurs n’ont
pas échappé au Préfet d’Orléansville qui mentionne dans son rapport
sur le développement de la colonisation dans le bassin de l’Oued
Allala établi le 14 octobre 1876 : que si l’on avait recours
à l’expropriation des terres dont le prix varie de 70 à 80 francs
l’hectare (prix assez élevé à cause de la proximité des fermes européennes
qui ont donné beaucoup de valeur aux terrains environnants), il
serait possible de créer deux nouveaux centres : un hameau
de 10 à 12 feux au Bou Allan et un hameau de 50 à 60 feux au Beni
Tamoun.
Le village
de Montenotte est placé dans une position assez favorable sur le
rapport des eaux. Il existe à 100 mètres du centre du village, une
source qui ne tarit jamais et fournit suffisamment d’eau pour les
besoins domestiques des colons et pour les bestiaux. Un lavoir et
un abreuvoir provisoires ont été établis près de cette source. En
juin 1849, un canal d’irrigation de 700 mètres de long a été creusé
par les colons, ces travaux ont permis d’entretenir dans un état
d’humidité convenable malgré les chaleurs exceptionnelles, le jardin
d’essai et la pépinière qui sont maintenant dans un état prospère.
Dans un
même temps on s’occupe de réunir dans une même canalisation en poterie,
qui les amènera dans l’intérieur du village, les eaux de 5 sources
qui surgissent auprès du camp d’Aïn Régada : elles alimenteront
une fontaine, un lavoir et un abreuvoir situés prés de la porte
d’Orléansville
Dans les
premières années les concessions distribuées aux colons ne dépassaient
pas 7 hectares. De ce fait, les habitants ne restaient pas au hameau :
ils n’avaient même pas de quoi faire vivre leurs familles Les habitations
restées inoccupées se délabrèrent rapidement. Le service de la colonisation
dut accepter les demandes des colons qui préconisaient l’attribution
d’un supplément de terrain afin de développer la culture de la vigne,
seule solution pour relancer la prospérité du village et éviter
sa désertification. Les colons adressent une pétition au Gouverneur
général le 16 novembre 1822 pour l’agrandissement du village et
demandent qu’on déclasse la réserve communale forestière. Le Gouverneur
Général promet d’étudier cette question dont la solution relève
du ministère de l’agriculture. En attendant que cette solution soit
intervenue, il demandera que le droit de pacage soit provisoirement
accordé aux colons.
En
1926, lors du recensement on dénombrait 3 938 habitants dont 203
Européens.
La construction
du village.
La loi du 28
septembre 1848 qui avait créé quarante-deux colonies agricoles en
Algérie pour se débarrasser des ouvriers parisiens au chômage, hostiles
au gouvernement, était assortie de promesses : une maison en
maçonnerie de deux pièces, un lot de jardin, un lot rural de cinq
à dix hectares, des semences, des outils et du cheptel gratuits,
des rations alimentaires fournies par l’armée.
La hâte du pouvoir
ne permit pas à l’Algérie d’aménager tous les sites, et le village
de Montenotte n’était qu’une ébauche quand, le premier décembre
1848, le neuvième convoi d’ouvriers parisien primitivement destiné
à l’est algérien qui débarqua à Ténès, faute de structures d’accueil
fut détourné vers Montenotte et sa région.
Une cargaison
de planches et de madriers avait été débarquée en novembre sur la
plage de Ténès et permit aux soldats du génie d’implanter de longues
baraques.
Le capitaine
Lapasset accueillit ses nouveaux arrivés et voulut les associer
à la gestion de la colonie en créant un conseil de famille et un
conseil d’agriculture composé d’un directeur et de quatre colons.
Les lots n’avaient pas été délimités, l’exploitation serait donc
collective sous l’autorité de l’armée. Cette tâche en commun pouvait
plaire à ces ouvriers socialistes, mais ils étaient des citadins
et non des paysans et les débuts furent difficiles.
En octobre 1849,
l’école avait été ouverte. Le conseil de famille en établit le règlement :
pas de classe pendant les heures chaudes, pas de classe le matin
pendant les moissons et les semailles, le jeudi instruction agricole.
Le paludisme
ne sévit pas à Montenotte, mais en 1849 et 1850, la dysenterie et
le choléra firent des ravages.
Le
village est fortifié par un mur de 250 mètres de long et un fossé
d‘enceinte avec 4 bastions.
Le
coût des travaux a été évalué à 25 000 francs. Mille arbres ont
été plantés le long des boulevards, principalement des eucalyptus.
Bien plus tard dans la rue principale ceux-ci seront arrachés pour
élargir la rue et seront remplacés par des mimosas.
En février
1851 dès que les labours sont terminés et que les jardins sont plantés,
le Directeur du centre agricole organise des brigades de colons
pour effectuer le nivellement et l’empierrement des rues, la confection
des talus et l’assèchement des parties marécageuses de la commune.
En 1852,
les colons sont employés par le Génie pour la construction des routes,
mais l’éloignement des chantiers rebute les colons qui préfèrent
rester pour travailler leurs propriétés ou leurs jardins.
Condamnés
à l’inaction, ils allèrent au café, reprirent les habitudes des
clubs parisiens et passèrent leurs nuits en discussions politiques .
Lapasset ordonna la fermeture des cafés après vingt-deux heures.
D’autres
colons passaient leurs journées à la chasse pour se nourrir du gibier
qui abondait. Lapasset interdit la chasse.
Le
5 avril 1852, un rapport du directeur de la colonie adressé par
la subdivision d’Orléansville est transmis à la division d’Alger.
Il informe sur les travaux qui sont exécutés à cette date à Montenotte
par les colons. Il indique : tous les colons qui sont animés
d’un bon espoir trouvent à gagner ce qui est nécessaire à leur existence.
Les lendemains de jours de solde sont ordinairement perdus, et l’amour
de la boisson tient encore trop de place dans l’esprit d’une grande
partie des colons pour qu’on puisse compter sur une réalisation
d’économie. Néanmoins certains colons commencent à comprendre qu’il
faut se mettre sérieusement au travail, et il y a en général plus
de zèle que l’on pouvait en attendre. Si l’on obtient pas d’économies,
on vivra au moins jusqu’à la moisson.
Sur la
place du marché, une maison était en construction, elle devait servir
de bureau pour le Caïd, de prison et de café Maure. Bien que les
travaux soient bien avancés, en fait, il ne manquait plus que les
portes et fenêtres, la construction est stoppée faute de crédits.
L’administration demande que toutes les dispositions soient prises
pour éviter la dégradation prématurée de ce bâtiment.
Le 8 juin 1849,
le Gouverneur Général écrit au Général commandant la division d’Alger
au sujet de Montenotte dans un rapport concernant les colonies
agricoles :
« Je vous
prie mon cher Général de demander à Monsieur le Capitaine Lapasset,
dont je remarque toujours le zèle et l’intelligence, une note sur
la manière dont il a installé son jardin d’essai. Cette note devra
faire connaître l’étendue de l’établissement, sa division, en pépinière,
jardin potager, les dépenses premières qu’a coûté l’installation,
et celles que nécessitent l’entretien et les travaux journaliers,
quelles sont les personnes plus spécialement attachées à cet établissement,
sur quels fonds se prélèvent leurs salaires et la quantité de ces
derniers.
Je vous
prie également de faire compliment à Monsieur Bérard sur le zèle
qu’il apporte dans sa mission de moniteur d’agriculture et sur les
résultats qu’il a fait obtenir à la colonie de Montenotte.
J’ai du
reste, appelé l’attention particulière de Monsieur le Ministre de
la guerre sur la situation prospère de ce village. Je ne doute pas
qu’il ne ratifie complètement le témoignage de satisfaction que
je me plais à donner à Monsieur le Capitaine Lapasset et à Monsieur
Bérard et que je vous charge de leur transmettre. »
Le 24
août 1850, le Capitaine Lapasset réclame à l’administration une
charrue et une paire de bœufs pour chacun de ses colons. Monsieur
le Préfet lui répond que chaque colon a droit à une charrue et la
recevra prochainement, quand au deuxième bœuf réclamé, il ne peut
être donné suite à cette demande.
Le Capitaine
fait remarquer qu’il n’existe à Montenotte que 125 maisons et que
par suite de l’installation de divers services publics dans quelques
unes de ces maisons, plusieurs colons sont encore logés à deux.
Il demande pour parer à cet inconvénient la construction de l’école,
du presbytère, de l’église pour laisser libre les maisons prises
par les établissements d’utilité publique.
Monsieur
le Préfet répond : Monsieur Lapasset ne doit pas ignorer que
l’état des crédits ne permet pas de construire de nouvelles maisons,
il convient donc de laisser sombrer le chiffre des colons au nombre
des maisons qui existent aujourd’hui. Cet officier devra jusque
là s’abstenir de proposer de nouvelles admissions.
La mésentente
entre Lapasset et les colons s’accentua. Il était trop autoritaire
et de nombreux ouvriers parisiens montraient peu d’aptitudes pour
le dur métier de défricheur. Beaucoup supportaient mal la discipline
militaire, tous souhaitaient la fin de la gestion collective.
Lapasset
nomma un garde-champêtre pour sanctionner les nombreux délits et
partagea les terres. Il attribua des lots de deux à six hectares.
Beaucoup d’ouvriers attirés par la ville préférèrent aller travailler
à Ténès, mais ils furent remplacés comme le demandait la commission
d’enquête par de vrais cultivateurs.
En
1850 Montenotte avait 323 habitants et 104 colons (44 de
1848 et 60 nouveaux venus). 560 hectares
étaient ensemencés : 290 ha de blé et 270 ha en maïs.
En mars 1851
le capitaine Lapasset fut remplacé et nommé chef du bureau arabe
d’Orléansville. Il laissait Montenotte en bonne voie, 67 colons
sur 104 étaient tirés d’affaire.En 1852
le village avait 377 habitants et les terres défrichées passèrent
de 1004 hectares à 1586 hectares.
Le 31
décembre1852, le Lieutenant Ferraud du Vingt-cinquième Léger, Directeur
de la circonscription administrative de Montenotte remet à monsieur
Gantez, Commissaire civil de Ténès : le village, le territoire,
les effets et objets appartenant à la colonie de Montenotte, tant
en service chez les colons, qu’en dépôt dans les différents locaux
affectés au service public. A ce titre, un inventaire est dressé
concernant tout ce qui est remis à l’autorité civile. (armes, munitions,
outillage, locaux, registres d’état civil naissances mariages et
décès, etc., etc. ).
Le 2 juillet
1853, le maire de Montenotte se plaint au Commissaire civil de Ténès
des lenteurs dans la distribution du courrier par le facteur rural
de Ténès.
Le 18
octobre 1853, Monsieur Bérard est nommé Maire de Montenotte par
arrêté préfectoral en remplacement de Monsieur Cros, démissionnaire.
Il est probable que le témoignage de satisfaction du Gouverneur
Général en sa faveur a été un facteur déterminant sur le choix de
sa promotion.
1855 :
la guerre est déclarée entre l’Abbé Govillot et Monsieur Bérard
adjoint spécial de la commune de Ténès, Maire de Montenotte. Insultes,
menaces, plaintes fusent de toutes parts. Le curé réclame une habitation
décente, le Maire demande la réduction de la superficie des terrains
alloués à la cure, le curé se plaint à son Evêque, le Maire à son
Préfet.
Des courriers
sont échangés entre les différents protagonistes. On ne peut pas
dire que monsieur le curé fasse preuve de beaucoup de respect dans
les propos adressés au Maire. Celui-ci ne manque pas de le lui rappeler
et de lui demander qu’en égard à son rang, comme prévu, qu’une place
lui soit réservée dans l’église pour les cérémonies officielles.
Bref un
vrai scénario pour Pépone et Don Camillo. Coïncidence, dans la nuit
du 26 au 27 juin de la même année, un malfaiteur s’est introduit
dans l’église a brisé plusieurs vases sacrés et volé un calice et
divers autres objets de valeur. Le Maire réunit son conseil municipal
qui alloue la somme de 200 francs à l’église Saint Jérôme pour réparer
les dégâts et racheter les objets dérobés.
Le 17 mars 1853
Monsieur Fricout est nommé garde-champêtre de la commune. Il sera
révoqué de ses fonctions et remplacé par Monsieur Delanillaurein
le 3 octobre 1855 suite à une plainte déposé par l’adjoint de Montenotte
cette plainte est basée sur des habitudes d’ivrognerie invétérées
et une négligence coupable dans le service.
Le 4 novembre
1856, le préfet d’Alger accepte la demande de Monsieur Sarre, instituteur
public à Montenotte pour l’ouverture d’une classe du savoir pour
les adultes dans le local de l’école communale des garçons.
Le 17
octobre 1874, un décret a distrait la commune de Montenotte de l’arrondissement
administratif d’Alger et l’a rattachée à celui de Miliana.
Le 11
septembre 1886, un décret annexe le hameau du Camp des chasseurs
à la commune de Montenotte.
Le 5 août 1870,
le conseil municipal de la section communale de Montenotte sous
la présidence de Monsieur Laquière, Maire de Ténès, décide à l’unanimité
qu’il n’y a pas lieu de s’opposer à ce que la section de Montenotte
soit érigée en commune séparée.
Le 14
septembre 1870, un arrêté préfectoral (arrêté collectif) érige en
communes de plein exercice, 15 sections communales. Montenotte en
fait partie et va pouvoir prendre en mains sa propre destinée.
Le 26 février
1871, le conseil municipal de Montenotte délibère sur la modification
des limites pour le territoire de Ténès et celui de Montenotte.
Les nouvelles limites sont acceptées par le conseil municipal de
Ténès.
1890, il faut
agrandir le village et des transactions avec les indigènes propriétaires
des terrains contigus au territoire du village sont tentées.
Le 23 octobre
1890 par lettre n° 135, le Sous Préfet d’Orléansville informe la
préfecture que la famille Ben Mani offrait de céder à l’état pour
l’agrandissement du centre de Montenotte les terrains qu’elle possède
et demande en échange 132 hectares de terrains domaniaux et une
somme en argent.
Le 22 juin 1893,
la préfecture d’Alger informe Monsieur le Gouverneur Général que
les démarches faites auprès des indigènes pour la cession amiable
des terrains contigus au territoire du village de Montenotte, sont
demeurées infructueuses. Un indigène offre de céder 90 hectares,
dont la moitié impropre à la culture, moyennant 200 francs l’hectare.
Les colons qui
s’étaient engagés à rembourser à l’Etat le prix d’acquisition par
annuité, trouvent cette offre inacceptable et demandent que l’administration
réalise l’agrandissement projeté par voie d’expropriation.
Le Préfet estime
qu’il y a lieu d’abandonner le projet, l’administration ayant renoncé
à poursuivre l’expropriation forcée pour se procurer les terres
nécessaires à la colonisation. Quand aux 132 hectares de terres
domaniales, situées dans la commune de Montenotte, il propose de
les réserver pour être attribuées en échange aux indigènes à déposséder
en vue de la création du village dAïn Timezeratine.
Et le préfet
informe le Sous Préfet du refus de la transaction, que l’état ne
saurait consacrer une dépense aussi importante 25 000 Francs en
moyenne pour acquérir une si faible étendue et qui serait hors de
proportion avec le but à atteindre.
Dans ces conditions,
si l’échange projeté avec la famille Ben Mani ne peut être réalisé,
il y a lieu de renoncer à l’agrandissement du centre de Montenotte
quelque intéressant qu’il soit.
Le
22 mai 1894, mon arrière grand-père Suire Martial avait acheté la
propriété d’Ancer N’Hace ( la source du cuivre ) d’une superficie
de 116 hectares située au Sud de Montenotte sur la route de Flatters.
Le 29 décembre
1901, le conseil municipal sous la présidence de son Maire Suire
Martial délibère suite à une lettre de Monsieur le gouverneur Général
concernant le projet définitif des travaux d’adduction des eaux
de Boukandak à Montenotte.
« Le conseil
municipal délibérant à l’unanimité de ses membres présents, confiant
en la dépêche de Monsieur le Gouverneur Général accepte toutes les
conclusions de l’arrêté du 24 octobre 1901 et adopte le projet définitif
des travaux, précise qu’une délibération en ce sens a déjà été prise
dans la session de novembre, séance du 18 novembre approuvant le
dit arrêté. Et pour trancher définitivement la question, prie en
conséquence, Monsieur le Préfet d’accorder à la commune l’autorisation
de contracter un emprunt à une caisse faisant un taux d’intérêt
le plus bas et de vouloir bien indiquer au Maire la marche à suivre
pour réaliser cette opération, dans le plus bref délai possible
pour pouvoir entreprendre les travaux de captage au moins avant
le printemps. Et en attendant la réalisation de cet emprunt, voir
s’il serait possible d’autoriser la commune à se servir des fonds
qu’elle a actuellement en caisse. »
Le
22 mai 1905, le maire, Monsieur Birgi, fait voter par le conseil
municipal la construction d’un bassin réservoir et d’un bassin avec
vasque.
L’ingénieur
des Ponts et Chaussées chargé du projet établit un rapport qui précise
que Montenotte est desservi en eau potable par une canalisation
amenant les eaux des sources de Boukandak. Ces travaux effectués
par les Ponts et Chaussés, ont été remis à la commune le 19 janvier
1905. La source débite 2,5 litres/seconde.
Il précise
que les travaux envisagés par la commune devaient être pris en considération
avec bien entendu quelques petites modifications.
Dans l’esprit,
ce projet est très intéressant, il permet de récupérer le surplus
d’eau des sources qui se perd dans la nature. En cas d’incendie,
cela constituera une réserve supplémentaire d’eau disponible, et
le bassin avec vasque prévu sur la place de la mairie permettra
d’embellir le village et d’y apporter un peu de fraîcheur, cette
place faisant un peu vide, et de rajouter qu’il est tellement rare
de voir des colons qui pensent à embellir leur village qu’il ne
faut pas hésiter à leur donner satisfaction, malgré l’investissement
évalué à 8 000 francs.
En Algérie,
la colonisation ouvrière de 1848 connut des échecs. Sur 20 502 parisiens,
3 559 moururent du paludisme et du choléra, et 7 038 demandèrent
leur rapatriement, mais grâce au sacrifice de ceux qui restèrent
et à l’arrivée de nouveaux colons, les villages prospérèrent.
Montenotte,
malgré les déboires des premières années, fut une réussite.