Commune de Fromentin

Avec l'apport de Luc TRICOU

 

Histoire

Créé en 1 907.

Eugène FROMENTIN (1 820 - 1 876), Peintre et écrivain orientaliste.


Nom arabe : TADJENA ou BEN TADJENA

 

Photos

Vues générales

 

Bâtiments

le puits

 

Commerces et Industries

cave coopérative

le four

 

Vie quotidienne

 

Récits

FROMENTIN


Si certains centres de colonisation furent créés rapidement, presque du jour au lendemain (1), pour d'autres, par contre, la décision traîna dans les cartons poussiéreux de Services officiels des années, des décennies !

Tel fut le cas pour TADJENA dont la création projetée, étudiée depuis 1 871, faisant même l'objet d'une pétition des habitants de Ténès et Montenotte, revêtue de 281 signatures (2) qui ne vit le jour que le 20 mai 1 900.
C'est donc un village récent, puisque la grande majorité des neuf cent soixante-quinze (975) centres de colonisation algériens naquit dans les deux dernières décennies du siècle précédent.
Les affiches annonçant l'expropriation des terres (suivie de dédommagement) pour son établissement furent placardées avec le nom de TADJENA dont l'étymologie peut être recherchée soit dans :
- lieu où la terre pour fabriquer les ''tadjin'' est abondante,
- endroit rêvé pour les ''djenan'' (jardins).
Par contre, lors de sa naissance officielle, le nom du lieu fut francisé en lui attribuant celui du célèbre peintre-écrivain Eugène FROMENTIN, dont la renommée fut établie pas ses tableaux et ses livres sur la colonie.
A l'origine, il subit, comme la grande majorité des autres centres, un défilé de concessionnaires immigrants qui, devant la désolation de ces croupes dénudées, le manque de routes et l'éloignement des villes ne restaient que le temps de louer (3) leur lot avant de repartir.
Certains, plus retors, construisaient une habitation qui avait tout du gourbi, donnaient leurs terres en location ou métayage jusqu'à l'obtention de leur titre de propriété obtenu après trois ans de séjour. Le document dûment paraphé par l'autorité supérieure, ils s'empressaient de vendre et repartaient plus nantis qu'à leur arrivée.
Il existait heureusement un ''noyau dur'' de colons ''Algériens'' (4) qui n'avaient droit qu'au tiers des concessions des nouveaux centres.
Pour eux, la solution de rechange n'existait pas ! Aussi s'accrochèrent-ils !
Peu à peu, un petit pourcentage d'immigrants se fixa et l'Administration, obligée de combler les vides, accepta, contrainte et forcée, que d'autres gens du cru s'installent.
Les quarante feux prévus au début ne furent plus que dix-neuf par suite des abandons.

Peu à peu, les croupes dénudées, selon les saisons, offrirent toute une palette de tons, du marron au vert qui va virer au jaune d'or des blés lourds d'épis.
Au printemps, les mille coloris des fleurs des champs qui auraient certainement tenté un Corot séduisirent nos peintres algériens tels Benjamin Saraillon. Les pampres des vignes montaient à l'assaut des terres rouges. Niché dans son écrin de verdure, Fromentin vivait.

Mais ce qui, précède peut être dit pour la quasi-totalité des villages d'Algérie. Rien à ce sujet ne distingue mon village des autres centres.

Mais pourquoi écrire un livre, et vouloir le faire lire à d'autres si l'histoire est si banale ?
Tout d'abord, je l'ai fait pour que mes descendants n'aient pas honte de leurs ancêtres avec ce que comportent à notre sujet les programmes scolaires ! Puis, je me suis piqué au jeu.
Après avoir lu plusieurs ouvrages similaires au mien, j'ai constaté, sans forfanterie (ce n'est pas mon genre) que le nouveau village, héritier de TADJENA avait une particularité : les Fromentinois.
Vous découvrirez au cours des pages que nos anciens furent souvent des coryphées tant par leurs innovations dans la culture que dans la défense des droits des colons.
Vous constaterez aussi que la jeunesse fromentinoise a toujours été active, joyeuse, dynamique. Bien des villages de notre voisinage nous enviaient à ce sujet. Nous étions conviés chez eux pour réaliser des bals avec notre orchestre, des tournois de volley-ball, de football, etc. !
Et ceci dans un rayon dépassant largement les limites de l'arrondissement.
Quant aux fêtes estivales, lesquelles, pour nous, villageois enracinés, représentaient le meilleur divertissement, les comités organisateurs s'empressaient de nous prévenir pour s'assurer de notre présence. Ils savaient que celle-ci ferait boule de neige, développant une ambiance de bon aloi garantissant la réussite de leurs réjouissances.
Mais ce n'est pas tout, ce serait encore trop fade ! Il y a les ''figures'' du village qui, j'en suis sûr, vous séduiront. Vous découvrirez au fil des pages , ''le parisien'', certain Garde-Champêtre, aussi, ne les oublions pas, nos ex-concitoyens indigènes ; ''Kefoussa'', ''Bozio'', 'El kheir'', etc. sans négliger pour autant l'histoire du Dahra et ses anarchistes ou les inoubliables personnages que furent Kellal Almenouar ou ''Doukiche''.
Je ne vous en dis pas plus, bonne lecture !
Luc TRICOU


(1) Tels Orléansville et les villages des ''Quarante-huitards'' (NDLR : voir à ''PONTEBA'')
(2) Chiffre qui est remarquable pour l'époque.
(3) Ayant signé leur attribution, ils en étaient maîtres un an.
(4) Terme désignant ceux nés en Algérie, ou fils de colons.

Une monographie complète de Fromentin vient de paraître sous forme d'un livre très agréable à lire.224 pages de l'histoire mouvementée de ce village.
Disponible chez l'auteur, Luc TRICOU, ''U CARUBELLU'' 20260 CALVI.