Commune de Francis Garnier

Avec l'apport de Alain COHET et de Jean-Pierre RIHOUEY

 

Histoire

Créé en 1911.

Francis GARNIER (St ETIENNE 1839 - 1873)
Marin, explorateur du MEKONG, conquérant du Fleuve Rouge, il prépara l'établissement de la France au TONKIN. Mort à HANOI en combattant des pirates chinois.

Nom arabe : BENI HAOUA.

Contact :
Rassemblement des anciens et amis de FRANCIS GARNIER - BENI HOUA
M. Serge SOCIAS
3, Traverse SAINT MICHEL
13111 COUDOUX
Téléphone : 04 42 52 07 59

 

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LA LEGENDE DU NAUFRAGE DU "BAUNEL"


Si vous empruntez la ''route de la corniche'' entre TENES et CHERCHELL, au col de TIZI YOULAS une vue magnifique sur la Baie des SOUHALIAS s'offre à vous. (Photo C)
La route descend ensuite dans la vallée de l'Oued GOUSSINE puis longe le rivage.
Sur la plage, une ancre de marine, témoignage du passé, vient nous rappeler le naufrage du ''BAUNEL'' et la légende de ''Mama BINETT''.
Cette ancre avait servi, en 1 803, à établir un va-et-vient avec l'épave du ''BAUNEL''...
FRANCIS GARNIER est, par excellence, un remarquable coin de nature avec ses longues plages inondées de soleil et ses forêts magnifiques. Le visiteur est subjugué par la beauté et le calme qui caractérisent ce lieu tout au long de l'année.
Les ''chibanis'' ont gardé le secret du naufrage du BAUNEL au large des SOUHALIAS, tout près de Francis GARNIER, mais la tradition orale se perd en de multiples bribes que nous avons dû rassembler pour reconstituer cette histoire.
Un mausolée dans lequel reposent ''Mama BINETT'' et quelques-uns de ses disciples est situé au bord d'une falaise surplombant la Méditerranée. On y parvient par un sentier embaumé des senteurs aromatiques de la garrigue.
Le bâtiment qui couvre quelques 70 mètres carrés est en mauvais état et n'attire pas le regard. Lors du tremblement de terre du 10 Octobre 1 980, le dôme en a été arraché et depuis, il repose au bord du précipice.
A l'intérieur aux murs lézardés, on découvre six pierres tombales peintes en blanc.
Au fond de la salle, la tombe de ''Mama BINETT'' et de ses compagnes, construites en marbre.
Une inscription en français et en arabe indique :
''Ici repose la Mère BINETT, victime, avec six compagnes religieuses, du naufrage du BAUNEL, en 1 802''
Le voilier qui venait de TOULON faisait route vers l'Amérique. Les gens du village se souviennent encore de l'ancre et des canons du bateau échoué sur la plage.
L'ensemble des nonnes a été recueilli par la population... Elles firent de bonnes épouses...
''Mama BINETT'', qui s'était convertie à l'Islam, fut vénérée. On lui a même prêté les miracles les plus extraordinaires…
Elle fit partie - fait rarissime pour une femme - de la Djemââ des sages chargée du règlement des tous les différends entre les douars.

Quoi qu'il en soit, la légende, vraie ou fausse, continue d'exciter les imaginations.

Un document conservé à la Mairie relate en détails les péripéties du BAUNEL :

dans une lettre adressée au Dey d'ALGER, le chargé d'affaires français, DUBOIS-THINVILLE, faisait part de la perte du ''BAUNEL''(2) :
" Le vaisseau français, portant 200 marins, 529 militaires et ( ?) femmes, ayant à son bord des munitions de guerre s'est perdu le 25 Nivôse (3) dernier sur vos côtes … "
Le 12 Août 1 802, le Dey répond au Général Premier Consul en lui faisant savoir que :
" Dieu a disposé du sort des personnes jetées sur la côte à la suite d'un naufrage… "

On raconte de bouche à oreille, le soir, à la veillée que :
" C'était en 1 798 (4), la France avait des difficultés pour mater une insurrection en LOUISIANE… Un bâtiment … pour anéantir le soulèvement, avec, à son bord des sœurs, toutes des jeunes, pour supporter les risques du voyage et résister aux maladies contagieuses…
" Parti de TOULON, le navire, un voilier, fut pris au large de TENES dans une violente tempête avant de s'échouer dans la Baie des SOUHALIAS, douar des BENI HAOUA… Les rescapés furent dirigés sur TENES, tandis que les femmes furent recueillies par les habitants…
" Ces femmes, des nonnes hollandaises, se marièrent par la suite, exceptée la Mère supérieure, ''Mama BINETT'' qui prodigua ses soins aux habitants…
" Les services qu'elle leur rendit lui valurent une grande estime si bien qu'à sa mort, chaque village formula le vœu d'accueillir sa dépouille dans son cimetière "


Mais depuis, les temps ont changé … l'ère des Zaouïas est bel et bien révolue. La légende de ''Mama BINETT'' s'oublie , le sommeil a gagné la mémoire et la confusion s'installe …

Et, comme dans toute légende - n'est-ce pas ce qui en fait le charme - des questions demeurent sans réponse…
Vénère-t-on réellement ''Mama BINETT'' ? ou M'ma b'nett (la mère des filles ?) ou M'ma binett'n'a (la mère avec nous ou au milieu de nous ?
Ou les lieux ?
Ou ''le djinn qui habite le lieu''?
Ou la force vitale dont les arbres constituent l'expression ?
Ou la beauté captivante et mystérieuse de l'endroit qui vous entraîne à rêver du passé, face au bleu somptueux de la mer ?

Quel sort fut réservé aux rescapés parmi les 729 hommes ?


Crédit : René Semmad, Pieds Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui N° 63 Décembre 1 995.

(5) - Dans son roman " Les fiancées de Ténès, Vénus KHOURY-GHATA parle du " BANEL "
(6) - Voir ci-dessous le texte que Vénus KHOURY-Ghata prête à DUBOIS-THAINVILLE.
(3) - Nivôse : quatrième mois du calendrier révolutionnaire. Il commençait le 21 ou le 22 Décembre, suivant les années. On pourrait donc situer l'évènement au 15 ou 16 Janvier (1 802 ou 1 797 ou 1 798 ?)


Citoyen Ministre Le 23 Ventôse An 5.(4)

" Le vaisseau Le BANEL portant 200 marins, 329 militaires et 9 femmes, ayant à son bord des munitions de guerre s'est perdu le 19 nivôse sur les côtes de Barbarie, à l'Ouest (5) du Cap Ténès.
Les rapports qui me sont parvenus sur cet événement me font frémir. Les habitants des contrées où le naufrage a eu lieu se sont portés aux attentats les plus inouïs. Ils ont employé les moyens les plus barbares pour s'opposer au salut des Français. Ils ont brisé les embarcations, détruit les radeaux, coupé les cordes que les marins étaient parvenus à attacher à terre. Ils ont pillé et dispersé l'argent et une partie des effets qui se trouvaient sur le bâtiment. Les Français qui ont échappé à la fureur de la mer ont été dépouillés, mis à nu par le froid le plus vigoureux ( !), assassinés ou traînés impitoyablement dans les montagnes. Plus de 200 ont péri de la main des barbares. Leurs cadavres sont encore étendus sur le rivage et sur la route d'Oran. Plusieurs naufragés, parmi lesquels se trouvaient des femmes, cinq selon les rumeurs, seront aux mains des Cabaïles. Les traités de la République, ceux de la Régence stipulent que tout bâtiment français échouant sur les côtes d'Afrique reçoive secours et protection et que les hommes, les effets et les marchandises seront respectés et restitués. "


(4)- La première République a été créée le 21 Septembre 1 792. L'An 5 de la République correspondrait donc à 1 797 ( ?)
(5) - La baie des Souhalias se trouve à l'EST du Cap Ténès …

On peut relever une bonne quantité d'invraisemblances, de contradictions et d'inexactitudes dans ce roman…
Mais, n'est-ce pas là ce qui fait une ''légende'' ?

Nota :

1 - Au cours d'un séjour que j'ai effectué à TENES, en 1 981, j'ai constaté que le douar des SOUHALIAS souffrait encore d'un ostracisme sournois car on lui reprochait toujours d'avoir eu des penchants Algérie Française…

J'ajoute qu'une ''pénurie de couscous'' sévissant dans la région, nous sommes allés, de nuit, sous escorte armée d'un habitant, chercher la précieuse denrée qu'une boutique des Souhalias était la seule à vendre … et qui nous fut aimablement offerte…

2 - Pendant la guerre d'Algérie, les soldats qui crapahutaient dans le Djebel BISSA furent stupéfaits d'y trouver des ''fells'' blonds et aux yeux bleus …

3 - Il existait aussi un ermitage catholique en pleine nature dans ce même massif montagneux.
Les moines (des Bénédictins ?) venaient, en sandales de cuir et robe de laine brune, faire leurs emplettes et vendre leurs produits à TENES.