Commune de Cherchell

Avec l'apport de Helyett BRESSON

 

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IOL, CESAREE, CHERCHELL

CHERCHELL, fille de Césarée, la plus illustre cité de l'Afrique Romaine, est riche d'une longue histoire aux péripéties variées.
Primitivement, une modeste colonie phénicienne, Iol, escale de cabotage et étape commerciale le long de la route de Carthage en Espagne, s'est établie sur l'îlot JOINVILLE où se dresse le phare.
Après la période troublée de luttes contre les princes indigènes rivaux consécutive à la chute de Carthage, un souverain d'origine locale, BOCCHUS, organisa un puissant royaume.
A sa mort, l'empereur AUGUSTE imposa la domination romaine puis établit à nouveau un roi indigène, JUBA II.
Celui-ci, toujours fidèle à Rome, lutta contre les révoltes de montagnards turbulents. Mécène fastueux, il fit de IOL sa capitale. Il la rebaptisa CESAREA en l'honneur de l'Empereur et, attirant écrivains, architectes et artistes, la transforma en un foyer de civilisation Gréco-Romaine célèbre pour la richesse de ses monuments.
La mort tragique de PTOLEMEE, fils de Juba (40), entraîna l'annexion par Rome. Césaréa donna son nom à la nouvelle province de Maurétanie Césaréenne dont elle resta la capitale.
Profitant des bienfaits de la Paix Romaine, la cité connut alors une longue période de prospérité : ateliers réputés de forgerons et de sculpteurs, port animé d'un important trafic.
Une communauté chrétienne s'y développa rapidement qui, lors des persécutions, compta des martyrs vénérés (Sainte Marcienne).
Sous le Bas Empire, l'insécurité reparaît et, en 371, le berbère révolté FIRMUS s'empara de la ville et la pilla de fond en comble.
Après une nouvelle mise à sac par les Vandales (455), malgré un relèvement passager sous l'autorité byzantine (Justinien), la ville fut ruinée par la conquête arabe (580).
Le port de CHERCHELL a été le plus souvent, depuis lors, un redoutable centre de piraterie contre lequel a échoué notamment une expédition de Charles-Quint (1531).
Les derniers corsaires ont été éliminés par l'occupation française (1 840).
Depuis lors, sans retrouver son importance d'antan, la ville est devenue le centre administratif et commercial d'une riche région agricole.
Les vestiges de son prestigieux passé, la douceur du climat et le charme du paysage attirent également de nombreux touristes.
Et la présence de l'Ecole Militaire multiplie le nombre des admirateurs de Césarée.

L'Ecole Militaire de CHERCHELL :

Créée en 1 943, l'Ecole Militaire de CHERCHELL, à l'origine, Ecole d'Elèves Aspirants, a fonctionné sans interruption depuis cette date, en assurant successivement plusieurs missions de formation différentes.
Au début 1 943, une Ecole d'Elèves Aspirants est créée dans l'ancienne garnison du 1er Régiment de Tirailleurs Algériens. Elle formera, jusqu'en 1 945, 4 500 Officiers ou Aspirants.
En 1 945, l'Ecole prend le nom d'Ecole Militaire Inter-Armes et se transporte à COETQUIDAN.
Récréée le 1er Janvier 1 946 à CHERCHELL sous le nom d'Ecole de Sous-Officiers, puis d'Ecole des Cadres, et enfin d'Annexe de CHERCHELL de l'Ecole de Sous-Officiers de SAINT-MAIXENT, elle assure, jusqu'en 1 949, la formation des Sous-Officiers, et des Elèves Officiers de Réserve d'AFN.
De 1 949 à Avril 1 958, elle instruit une partie des E.O.R. de la Métropole.
A partir de Mai 58, l'Ecole Militaire d'Infanterie se consacre exclusivement à la formation des Officiers de Réserve d'Infanterie, en parallèle avec l'Ecole de SAINT-MAIXENT.
Enfin, le 10 Août 1 959, le Ministre des Armées lui donne la mission, sur le vu des excellents résultats obtenus, de former la totalité des Officiers de Réserve d'Infanterie.
Ainsi, depuis Novembre 1 959, 4 500 Sous-Lieutenants et Aspirants ont été, jusqu'à la dernière promotion ''Les derniers de CHERCHELL'' la 205, de Mai à Octobre 1 962, formés à la rude école des djebels.

Le drapeau de l'Ecole :

L'Ecole de CHERCHELL a formé, de 1 946 à 1 962 plus de 10 000 Sous-Officiers et plus de 3 000 Officiers dont les cadres de l'Armée Française de Libération, ce qui lui a valu, le 27 Mai 1 950, une citation à l'ordre de l'Armée et l'attribution de la Croix de Guerre avec palme.
La garde d'un drapeau a été confiée à l'Ecole de CHERCHELL.
Le 29 Janvier 1 959, l'emblème a été remis par le Général ALLARD, Commandant les Forces Terrestres en Algérie, lors de la prise de commandement du Colonel BERNACHOT, dernier Commandant de l'Ecole à CHERCHELL.
A la suite de l'indépendance de l'Algérie, l'Ecole de CHERCHELL fut transférée à MONTPELLIER.
Le ''Vercors'' ne vibrera plus du chant des compagnies d'EOR et de SOR.
Seule leur mémoire restera dans nos cœurs…
''Leur amitié s'est forgée au cours des épreuves qui les ont unis pendant leur bref séjour à l'Ecole ; leur vie d'Homme commence ; puisse le souvenir de leur passage à CHERCHELL rester à tout jamais indélébile dans leur mémoire, souvenir qui sera, nous le souhaitons ardemment, le début d'une amitié durable et profonde :
Que chacun dise avec fierté :
" Je suis un ancien Cherchellien ! "

…/…

Les locaux laissés vacants ont accueilli l'Ecole d'Officiers de l'Armée Nationale Populaire algérienne, dont l'encadrement était assuré par les Pays de l'Est, en particulier l'U.R.S.S.

Textes d'époque repris par Jacques TORRES


CLEOPATRE SELENE, REINE de IOL


L'Afrique du Nord s'offrit à Rome par malchance.
Les aléas de la guerre firent que Carthage tomba la première en 146 avant J-C.
Assouvissant son ressentiment contre sa grande ennemie, Rome rasa la ville, répandit du sel sur le sol et la maudit : ''Cartago delenda est !''
Il lui fallut cependant attendre un siècle avant de posséder la Numidie, tout au moins sa partie orientale :
En pleine guerre civile, Pompée et César choisirent son territoire pour théâtre de leurs luttes. Son roi Juba Ier mal inspiré, prit parti pour Pompée et les pompéiens réfugiés en Afrique.
La déroute des républicains d'Afrique après la bataille de Thapsus (45 av J-C), près de l'actuel MONASTIR, fut fatale à Juba Ier qui se suicida…

La Numidie Orientale fit les frais de la défaite en devenant romaine.
Cléopâtre (69-30) reine d'Egypte célèbre pour sa beauté et ses amours aima passionnément son ennemi César dont elle eut une fille ; Cléopâtre Séléné.
Antoine, vaincu par Octave à la bataille d'Actium (31 av J-C) se réfugiera à Alexandrie avec Cléopâtre et s'y suicidera.
L'année suivante, Cléopâtre tombera entre les mains d'Octave. Ses charmes étant sans succès, elle mit fin à ses jours, en se faisant mordre le sein, selon la légende, par un serpent caché dans une corbeille de figues.
Les conquêtes de César avaient fat deux orphelins réfugiés à Rome : Juba II, infortuné fils de Juba Ier et Cléopâtre Séléné, fille d'Antoine et de la belle Cléopâtre.

Le nouvel empereur, Auguste, les maria et leur donna en cadeau de noces la Maurétanie, immense royaume comprenant tout l'Ouest Algérien et le Maroc.
Type curieux d'indigène que ce jeune roi, élevé à Rome par la sœur d'Octave dans une captivité dorée. Si les deux rejetons de souverains détrônés reçurent l'aumône d'un royaume, c'est que leur éducation et l'emprise de Rome garantissaient leur fidélité.

Le nouveau souverain ne mena pas la vie ardente de ses ancêtres. Réduit à un rôle de parade, il se consola en faisant des collections artistiques dans sa belle ville de Cherchell devenue Cesarea pour complaire au maître du monde à qui il faisait rendre un culte officiel.
aligula mettra un terme à cette indépendance relative en faisant assassiner leur fils Ptolémée à Lyon. Les vêtements somptueux de celui-ci avaient excité la jalousie de l'empereur !
Désormais, toute la Berbérie sera soumise à Rome pour près de quatre siècles.
Le ''Kbour Roumia'' ou tombeau de la Chrétienne, situé non loin de Tipasa, a donné lieu à de multiples hypothèses.
Il s'agirait, en fait, du mausolée d'une grande famille royale Numide qui ne contenait probablement pas de sarcophage : le ''Kbour roumia'' en effet a dû abriter les restes d'un souverain dont les rites funéraires comportaient l'incinération.

Le légende veut qu'il s'agirait du tombeau de Cléopâtre Séléné.
Etait-elle chrétienne ?
Nous ne le pensons pas. La chrétienté du tombeau viendrait simplement de la décoration du tombeau dont l'assemblement des pierres formerait symboliquement une croix.
Une belle légende tout de même.


Jacques TORRES, d'après ''Pieds Noirs Magazine'