Le
tombeau de la Chrétienne
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Partant d'Alger
vers Ténès par la côte, à une dizaine de kilomètres avant Tipasa, sur
les hauteurs du Sahel, s'élève le gigantesque mausolée, auquel la tradition
populaire a donné le nom de Kabr Er Roumia (ou K'bour Er Romia), que
l'on traduit incorrectement par ''tombeau de la Chrétienne''. D'après Odette BOUCHER in Historia Magazine. |
Ce monument inspira bien des légendes, en voici deux :
Le trésor de la Fée Halloula.
Bel
Ketti prétendait descendre directement des derniers rois indigènes d'Alger,
dont Aroudj fit mourir le dernier: Salam el Teumi, et Bel Ketti racontait
ceci: " à une époque lointaine, un berger avait pour habitude de mener chaque jour son troupeau de vaches et de chèvres paître aux alentours du K'bour, dont seul le sommet émergeait de l'immense frondaison qui l'entourait de toutes parts. Chaque soir il ramenait son troupeau au douar et, chaque soir, il constatait, régulièrement, qu'il lui manquait une vache noire, la plus belle du troupeau... et il la retrouvait le lendemain près du K'bour. Sans inquiétude sur le sort de sa bête, et persuadé qu'elle avait dû trouver, quelque part dans les bois, un coin paisible où elle aimait dormir la nuit, il résolut un soir d'en avoir le cœur net et il laissa son troupeau redescendre seul vers les gourbis, tandis que, sans bruit, souple et léger comme un '' djinn '', il suivait sa vache noire... La nuit venait et lorsque la chouette laissa tomber son premier gémissement, il vit sa bête se diriger vers le Tombeau, puis se frotter, longuement, contre la paroi qui s'entrouvrit pour lui livrer passage et se referma immédiatement sur elle ! Fou de terreur, pâle et glacé, notre pauvre berger s'aplatit sur le sol, pensant sa dernière heure venue, car certainement les " djnouns ", gardiens du K'bour, allaient lui faire payer cher sa curiosité ! Des heures passèrent, mortellement lentes, et tout là-haut, perchée sur un bloc, la chouette grise laissait tomber, de loin en loin, son gémissement lugubre, tandis qu'autour de lui les lapins agiles jouaient et se poursuivaient ! Le berger réfléchit et, lorsque les premières lueurs de l'aurore firent émerger de l'ombre la douce masse du Chênoua, il avait conçu un projet qu'il exécuterait le jour même... et le soir, quand la vache se frotta contre la paroi de pierre, le berger était tapi dans la broussaille, tout près d'elle... et lorsqu'elle entra par l'ouverture mystérieuse, il la tenait solidement par la queue qu'il avait saisie d'un bond... et, sans bruit, les pierres se refermèrent sur eux deux! Et alors... oh! alors... ce serait folie d'essayer seulement de le décrire et le gardien des trésors des Deys lui-même n'y serait point parvenu ! Montagnes de pièces d'or dont l'éclat fulgurait partout, rivières de diamants, dont les étincellements lui donnaient le vertige... que sais-je encore... et là, tout près de lui, la vache noire dont il tenait toujours la queue dans ses doigts crispés, la vache noire allaitait tout paisiblement le fils de la fée Halloula, la fée gardienne des richesses du tombeau, dont l'enfant était couché dans un berceau d'or massif rehaussé de gemmes éclatantes! Alors la main libre du petit berger ne resta pas inactive, et bientôt le capuchon de son burnous fut plein à déborder de pierres précieuses et de diamants étincelants... et sa '' djébira '' (à l'ordinaire trop grande pour contenir quelques figues sèches et un morceau de galette d'orge) fut vite trop petite pour recevoir tous les Abd-el-Hamid ou grosses pièces d'or qu'il voulait y faire entrer ! Et il fit tant et tant de voyages, accroché à la queue de sa vache noire, qu'à la fin il fut le plus riche des habitants de la terre... et cependant la masse des richesses entassées dans la salle était telle qu'il ne paraissait même pas qu'il y eût puisé... " Et les yeux brillants de Bel Ketti cherchaient si quelque nouvelle vache noire... ! |
Le berger près
du K'bour...
... en voici une
autre
De 1766
à 1791 régna, à Alger, le dey Baba Mohammed, pacha doublement exceptionnel
puisque d'abord, il régna durant vingt-cinq ans et que, ensuite et surtout,
il mourut dans son lit ! D'après
"Le Tombeau de la Chrétienne". par Marcel CHRISTOFLE. (1951)
*Note de rédaction : Le lac Halloula fut le dernier marécage de la Mitidja à être asséché. Les nuées de moustiques existaient bel et bien alors et n'étaient en rien une légende |
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